Plus de 40 personnes ont été tuées et près de 140 blessées mardi dans trois attentats suicide en Irak, au moment où les forces irakiennes progressent lentement face aux djihadistes à Mossoul, dans le nord.

La capitale Bagdad a été frappée par deux attentats revendiqués par le groupe djihadiste sunnite État islamique (EI), qui résiste aux troupes gouvernementales à Mossoul, deuxième ville d'Irak.

Un troisième attentat suicide a eu lieu dans la soirée à Hit, une ville située à environ 200 kilomètres à l'ouest de Bagdad.

La période du ramadan, qui a débuté samedi, est souvent endeuillée en Irak par des attentats djihadistes qui, pour faire le plus grand nombre possible de victimes, frappent surtout le soir, quand les habitants sortent se promener après le repas de rupture du jeûne.

Dans les premières heures de mardi, un kamikaze a fait exploser un véhicule piégé devant un marchand de glaces dans le quartier central de Karrada, faisant 16 morts et 75 blessés, selon des responsables.

Haidar Hussein, attablé avec des amis à un café près du lieu de l'attaque, raconte avoir vu un policier tenter d'empêcher un pickup blanc d'approcher de la zone, avant d'assister à l'explosion du véhicule.

Le jeune homme de 22 ans a été projeté par terre et blessé au bras et à la jambe, mais son ami Karar n'a pas survécu. «Beaucoup de personnes étaient par terre, dont des femmes et des enfants», dit-il.

L'EI a revendiqué l'attaque, disant avoir visé «un rassemblement de chiites».

Progression lente

Quelques heures plus tard, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée non loin du principal bâtiment du service des retraites, a indiqué dans un communiqué le commandement des opérations à Bagdad.

Cet attentat, également revendiqué par l'EI, a fait au moins 11 morts et 40 blessés, selon des responsables.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé des attaques «scandaleuses».

À Washington, le département d'État a condamné «les attentats barbares commis par les terroristes de l'EI à Bagdad».

À Paris, la tour Eiffel a été symboliquement éteinte mardi soir pour rendre hommage aux victimes des deux attentats de Bagdad.

Dans la soirée, un troisième attentat suicide, qui n'a pas été immédiatement revendiqué, a été commis à Hit. «Quinze personnes ont été tuées, dont quatre soldats et un journaliste local, et 23 autres ont été blessées, dont deux soldats», a déclaré à l'AFP Anas al-Ani, un porte-parole du département de la Santé de la province d'al-Anbar.

«Un kamikaze a ciblé un point de contrôle de l'armée où il y avait un groupe de soldats, de civils et un journaliste», a indiqué à l'AFP un officier de l'armée.

Le journaliste tué, Souhaib al-Hiti, travaillait pour Asiasat TV, une chaîne satellitaire irakienne, qui a confirmé la mort de son correspondant.

À Mossoul, dernier grand fief urbain de l'EI en Irak, les forces gouvernementales soutenues par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis progressent en direction de la vieille ville, leur ultime objectif, dont la reconquête s'avère ardue.

Soldats, policiers et forces spéciales tentent depuis la semaine dernière de reprendre trois quartiers - Al-Chifaa, Al-Saha et Al-Zinjili - au nord de la vieille ville.

À Al-Chifaa, les troupes avancent lentement. «Le problème est que quatre ou cinq hôpitaux se trouvent dans ce quartier», a dit à l'AFP le général Chaker Kazem Mohsen, précisant que les militaires pouvaient «prendre leur temps pour épargner les infrastructures et les civils».

«Il y a entre 50 et 100 combattants qui se déplacent d'un bâtiment à un autre» à Al-Chifaa, a-t-il précisé.

Selon l'ONU, entre 180 000 et 200 000 civils sont bloqués dans les secteurs tenus par les djihadistes, la majorité dans la vieille ville.

L'aviation irakienne a largué mardi des tracts exhortant les habitants à fuir les zones de combat et les quartiers djihadistes, mais l'ONU s'inquiète de l'impact humanitaire d'un nouvel exode massif.

«Civils en danger» 

«Les civils sont probablement bien plus en danger aujourd'hui, dans les toutes dernières étapes» des opérations militaires, a affirmé la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak, Lise Grande.

Selon elle, «les médicaments sont très rares, il y a d'importantes pénuries d'eau potable et les stocks de nourriture sont très limités». Et «les familles qui tentent de fuir sont souvent prises pour cible par des tireurs embusqués».

Les forces irakiennes mènent depuis mi-octobre l'offensive pour reconquérir Mossoul, tombée en juin 2014 aux mains de l'EI et où son chef Abou Bakr al-Baghdadi a fait sa seule apparition publique en juillet de la même année.

Après la reprise fin janvier de l'est de la ville, elles se sont lancées en février à l'assaut de la partie occidentale, reprise à près de 90% selon le commandement irakien.

En sept mois, 760 000 civils ont quitté Mossoul, dont environ 150 000 sont déjà retournés chez eux, selon Mme Grande.