Ils sont chaque jour des centaines sur les routes, portant des sacs pleins à craquer : près de 100 000 personnes ont quitté leur logement à Mossoul-Ouest depuis le début de l'offensive des forces irakiennes pour déloger le groupe État islamique.

Hommes, femmes ou enfants, ils ont emporté avec eux ce qu'ils ont pu prendre, quelques affaires qui remplissent à ras bord leurs sacs.

Les habits souvent couverts de poussière, ils marchent parfois pendant des heures avant d'arriver à un point de contrôle. Là, les forces de sécurité tentent de débusquer des membres de l'EI qui tenteraient de fuir la ville en se dissimulant parmi les habitants, a constaté un journaliste de l'AFP.

Au total, 97 374 personnes, soit 16 229 familles, ont été poussées à la rue depuis le début de l'offensive sur Mossoul-Ouest le 19 février, a annoncé mercredi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Environ 750 000 habitants se seraient trouvés dans cette partie de la ville avant l'opération.

Plus largement, selon l'OIM, 238 000 personnes sont actuellement considérées comme déplacés dans la région de Mossoul, des dizaines de milliers d'entre elles n'ayant eu d'autres choix que de trouver refuge dans des camps installés dans les environs.

Hajj Ahmed, 55 ans, manteau sombre et robe traditionnel irakienne, a quitté récemment Mossoul, une ville prise à la gorge par les djihadistes. « Tous les bâtiments ont été détruits par les voitures piégées. Et certaines familles sont toujours coincées là-bas », a-t-il raconté à l'AFP.

Engins explosifs

Sur le front militaire, le service de contre-terrorisme (CTS), forces d'élite qui avait été à la pointe de la reconquête de l'est de Mossoul en janvier, cherchait des engins explosifs laissés par l'EI dans les secteurs repris par les forces irakiennes.

Le CTS mène une « opération pour nettoyer et chercher les bombes et les voitures piégées », a expliqué à l'AFP le lieutenant-général Abdulwahab al-Saadi, un des hauts responsables de l'unité.

« Il n'y a pas d'opération pour progresser et lancer des assauts dans de nouveaux quartiers dans l'ouest de Mossoul aujourd'hui », a-t-il assuré.

Un autre officier du CTS, le général Maan al-Saadi, a confirmé que les opérations de la journée étaient focalisées sur le nettoyage des secteurs gagnés par les forces irakiennes.

Mardi, les forces gouvernementales avaient annoncé la reprise d'un nouveau site symbolique : la gare ferroviaire, une plateforme stratégique à l'arrêt depuis l'arrivée des djihadistes.

Construite dans les années 1940, cette gare permettait le transport de marchandises depuis la Turquie et la Syrie jusqu'à Bagdad et Bassora (sud), selon Salam Jabr Salloum, directeur général de la compagnie nationale des chemins de fer.

Le Commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte contre l'EI, avait également annoncé la conquête de deux villages au nord-ouest : Cheikh Mohammed et Al-Jamaliyah.

La reprise de Mossoul-Ouest permettrait au pouvoir irakien d'asseoir son autorité sur la totalité de la ville, et infligerait un revers majeur pour le groupe ultraradical sunnite.

Mossoul, où le chef de l'EI Abou Bakr Al-Baghdadi avait fait son unique apparition publique en juillet 2014, est en effet le dernier grand fief du groupe djihadiste en Irak.

Outre la gare, les forces gouvernementales ont repris plusieurs bâtiments importants ou symboliques à Mossoul-Ouest, à l'instar du siège du gouvernement de la province de Ninive, ainsi que le musée vandalisé par les djihadistes.

Elles ont annoncé dimanche avoir reconquis plus du tiers de la partie ouest. Mais si la résistance des djihadistes s'érode, les responsables militaires préviennent que des combats acharnés sont encore à prévoir, en particulier dans la vieille ville, aux rues étroites et densément peuplée.