Le groupe État islamique (EI) continue de perdre du terrain à Mossoul face aux forces irakiennes et se trouve également sous forte pression en Syrie, où les États-Unis vont quasiment doubler leur présence militaire pour lutter contre les djihadistes.

Washington prévoit en effet d'ajouter 400 soldats américains aux 500 déjà présents dans le nord de la Syrie, où ils appuient notamment l'offensive qu'une alliance de combattants kurdes et arabes mène contre Raqa, le fief syrien de l'EI.

En Irak, le commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte contre l'EI dans ce pays, a annoncé que les unités d'élite du contre-terrorisme (CTS) avaient repris le quartier de Moualemine dans l'ouest de Mossoul.

Les autres forces de sécurité impliquées dans l'offensive lancée le 19 février pour reprendre la partie ouest de la métropole du nord de l'Irak, dont la moitié orientale avait été reprise fin janvier, consolidaient leurs gains des derniers jours.

«Pour l'instant, le commandement n'a pas donné l'ordre d'avancer vers la vieille ville», un quartier densément construit et peuplé où les combats s'annoncent ardus, a indiqué à l'AFP un colonel des Forces d'intervention rapide (FIR), Abdel Amir al-Mohammedawi.

En attendant cet ordre, les forces de sécurité «traquent les snipers» et «ratissent les quartiers reconquis pour désamorcer» les bombes laissées par les djihadistes dans les rues, les maisons ou les commerces, a-t-il indiqué.

«Boucliers humains»

Parmi les centaines de milliers de civils toujours présents à Mossoul-Ouest, seuls quelque 50 000 ont réussi à fuir et rejoindre des camps de déplacés, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

À Mossoul, «on était des boucliers humains» pour l'EI, a expliqué Abdel Razak Ahmed, 25 ans. «La vie était difficile, on avait faim, on ne mangeait que du pain et du tahiné» (crème de sésame), a affirmé un autre déplacé.

L'avocate et militante des droits de l'homme Amal Clooney a appelé jeudi l'Irak à accepter une enquête de l'ONU sur les atrocités commises par le groupe Etat islamique (EI) dans le pays et à amener les responsables devant la justice.

Les djihadistes défendent leur dernier bastion irakien sans leur chef Abou Bakr Al-Baghdadi, qui «est vivant» mais «a quitté Mossoul», selon un responsable américain.

Le chef de l'EI «n'exerce probablement aucune influence tactique sur la manière dont la bataille est menée», selon ce responsable à Washington.

Le mystérieux et invisible chef de l'EI, aujourd'hui traqué comme l'avait été avant lui le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden, avait fait de Mossoul sa principale base.

Il y avait fait sa seule apparition publique en juillet 2014, y proclamant un «califat» sur les territoires conquis par l'EI en Irak et Syrie.

Selon le même responsable américain, l'EI a perdu «65% du terrain» qu'il contrôlait à son expansion maximale en 2014 et «près de la moitié des combattants» dont disposait l'EI à son apogée ont été tués.

Le Pentagone estime que le groupe ultraradical compte désormais au maximum 15 000 hommes.

D'après le responsable américain, le groupe djihadiste prévoit, après la perte attendue de Mossoul et de Raqa, de se replier et de «continuer à fonctionner comme un pseudo-État centré sur la vallée de l'Euphrate», dans l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak.

23 civils tués

Devenue de facto la «capitale» de l'EI en Syrie, Raqa est visée par une offensive d'une alliance arabo-kurde soutenue par Washington, les Forces démocratiques syrienne (FDS).

D'après un porte-parole militaire américain, Washington est en train d'envoyer 400 soldats supplémentaires en Syrie notamment pour appuyer cette offensive.

Une partie de ces soldats en cours de déploiement sont notamment des Marines servant des canons de 155 mm, stationnés dans la région de Raqa (nord).

Une autre partie sont des forces spéciales envoyées dans la région de Minbej, un peu plus au nord, pour dissuader de potentiels combats entre d'un côté les forces turques et leurs alliés rebelles syriens et, d'un autre côté, les FDS.

L'administration Trump est actuellement en train d'examiner le plan pour vaincre l'EI que le nouveau président américain avait demandé au Pentagone peu après son entrée en fonction.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a par ailleurs rapporté que 23 civils avaient été tués jeudi dans un village du nord du pays dans des raids présumés de la coalition internationale antidjihadistes que Washington dirige.

L'EI perd également de plus en plus du terrain face aux forces du régime appuyées par la Russie d'après l'OSDH.

L'Observatoire a ainsi indiqué que 17 combattants de l'EI «de nationalité marocaine» avaient été tués jeudi dans d'intenses frappes russes sur la région de Maskana, dans l'est de la province septentrionale d'Alep.

La Russie envisage elle aussi d'accentuer sa pression sur l'EI en Syrie. Vendredi, le président Vladimir Poutine reçoit son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour parler notamment des efforts communs en vue du règlement de la crise syrienne.