Un attentat à la voiture piégée a dévasté jeudi un secteur de Bagdad, tuant au moins 52 personnes et blessant des dizaines d'autres dans l'attaque la plus meurtrière à frapper la capitale irakienne depuis sept mois.

Cet attentat, le troisième à Bagdad en autant de jours, a été revendiqué par le groupe djihadiste État islamique (EI), cible d'une offensive des forces irakiennes qui cherchent depuis la mi-octobre à le chasser de Mossoul, son dernier grand fief en Irak.

Le premier ministre Haider al-Abadi a convoqué une réunion d'urgence des chefs de la Sécurité.

La puissante explosion s'est produite en milieu d'après-midi dans une zone de concessions automobiles à Bayaa, un secteur du sud de la capitale, a précisé à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur.

Un responsable du ministère de l'Intérieur a fait état de 52 morts et plus de 50 blessés, bilan confirmé de sources hospitalières.

Sur le lieu de l'attaque, des flaques de sang étaient visibles au sol. Des dizaines de voitures ont été détruites par le feu.

Des responsables de la sécurité étaient sur place tandis que des civils bouleversés étaient à la recherche de proches.

Les équipes de secours peinaient à faire leur travail tant l'explosion avait été puissante, selon un responsable du ministère de l'Intérieur.

«Il y a beaucoup de victimes, pas seulement une ou deux», s'émeut Nasser, un jeune portant des gants en latex tachées de sang. Il se trouvait près du lieu de l'explosion et est venu aider les blessés.

«Il y en avait un ici, nous l'avons porté», raconte-t-il en pointant du doigt l'endroit derrière lui ou se trouvait le blessé. «Nous avons trouvé une main ici, une jambe et un coeur là, tout.»

«Rassemblement de chiites» 

Le lieu de l'attaque est un terrain vague utilisé pour un marché de voitures d'occasion où des centaines de personnes attendent toute la journée de pouvoir vendre leurs voitures et discutent du prix avec des acheteurs potentiels.

«Il y a toujours deux ou trois personnes autour de chaque voiture» sur ce marché, souligne Nasser, expliquant le lourd bilan.

Le groupe djihadiste sunnite EI a revendiqué l'attaque en affirmant avoir visé «un rassemblement de chiites», dans un communiqué diffusé par son agence de propagande, Amaq.

Un attentat à la voiture piégée avait fait mardi quatre morts dans le même quartier.

Et mercredi, l'EI avait déjà revendiqué un attentat suicide dans le quartier à majorité chiite de Habibiya, dans le nord de Bagdad. Un kamikaze y avait fait exploser sa voiture piégée, tuant 11 personnes.

L'attentat de jeudi est le plus meurtrier à Bagdad depuis une attaque au camion piégé revendiquée par l'EI dans le quartier de Karrada qui avait coûté la vie à 320 personnes en juillet 2016. 

«Nouveau carnage»

Malgré son recul territorial en Irak et en Syrie voisine, le groupe djihadiste parvient toujours à frapper avec des attentats particulièrement meurtriers.

Depuis le lancement, le 17 octobre, de l'offensive des forces irakiennes pour reconquérir Mossoul, Bagdad fait face ainsi à une recrudescence d'attentats de l'EI.

Le 2 janvier, alors que le président français François Hollande était en visite en Irak, un attentat suicide à la voiture piégée revendiqué par le groupe djihadiste avait tué au moins 35 personnes dans le grand quartier chiite de Sadr City.

«Nous condamnons dans les termes les plus forts les attaques terroristes de l'EI contre un marché de voitures à Bagdad», a réagi le département d'État américain.

«Les terroristes ont commis un nouveau carnage contre des civils innocents. Cela est totalement inacceptable», a pour sa part déclaré Jan Kubis, représentant en Irak du secrétaire général de l'ONU.

Soutenues par la coalition internationale antidjihadistes dirigée par les États-Unis, les forces irakiennes ont repris le mois dernier la partie orientale de Mossoul après une résistance farouche des combattants de l'EI.

Elles se préparent maintenant à lancer l'offensive pour reconquérir la partie occidentale, de l'autre côté du fleuve Tigre, plus densément peuplée.

Outre la lutte contre l'EI, qui s'était emparé en juin 2014 de vastes pans du territoire irakien, le pouvoir irakien est englué dans une crise politique.

Il fait face depuis 2015 à un mouvement de contestation qui réclame une amélioration des services publics, des réformes politiques et accuse la classe politique de corruption ainsi que de népotisme.