Le premier ministre turc a affirmé mardi que la ville d'Al-Bab, l'un des fiefs du groupe État islamique (EI) en Syrie, était «largement» sous contrôle des rebelles soutenus par l'armée turque, après des semaines d'affrontement.

«Grâce à Dieu, après tous ces combats, Al-Bab est enfin largement sous contrôle», a déclaré lors d'une allocution retransmise à la télévision Binali Yildirim, sans fournir d'autre précision.

Ankara a engagé fin août une opération militaire en soutien aux rebelles dans le nord de la Syrie pour en chasser l'EI et les milices kurdes, alliées de Washington contre les djihadistes, mais considérées comme «terroristes» par la Turquie.

Après avoir aidé les rebelles à chasser l'EI de plusieurs localités, Ankara a dirigé ses forces vers Al-Bab, située dans la région d'Alep (nord), où l'armée turque a pénétré samedi.

Le premier ministre turc a précisé que l'objectif d'Ankara était «d'empêcher les organisations terroristes d'ouvrir des corridors» qui leur permettraient d'atteindre la Turquie.

«Nos efforts, depuis le début, n'ont pas été vains, ils ont atteint leur objectif», a ajouté M. Yildirim.

Du fait de l'avancée par le sud de l'armée de Bachar Al-Assad, l'EI est désormais entièrement encerclé à Al-Bab.

Le quotidien turc Hürriyet a rapporté mardi que Damas et les rebelles soutenus par Ankara s'étaient mis d'accord sur le tracé d'une ligne de démarcation pour éviter de se retrouver face à face.

Ce corridor «de sécurité», d'une largeur variant de 500 mètres à un kilomètre, a été instauré au sud d'Al-Bab. Les forces rivales qui tentent de reprendre la ville à l'EI communiquent aussi pour prévenir tout incident, écrit Hürriyet.

C'est la première fois que les médias turcs font état d'un tel mécanisme entre les rebelles pro-Ankara et les forces du régime syrien.

Les forces du régime ont chassé ces derniers jours l'EI de Tadef, une banlieue du sud d'Al-Bab. Le ministère russe de la Défense avait affirmé qu'en prenant cette banlieue à l'aide de l'aviation russe, les forces du régime avaient «atteint la ligne de démarcation avec l'Armée syrienne libre (ASL) fixée avec les Turcs».

L'armée turque a rapidement avancé dans le nord de la Syrie dans les premières semaines de son offensive baptisée «Bouclier de l'Euphrate», aidant les rebelles à chasser l'EI de plusieurs localités.

Mais Al-Bab a marqué un coup d'arrêt: les militaires turcs et leurs alliés syriens, qui y mènent l'assaut depuis le 10 décembre, y ont subi de lourdes pertes.

Lundi, l'agence de presse progouvernementale turque Anadolu avait affirmé que les rebelles soutenus par Ankara contrôlaient 40 % de la ville, tombée aux mains de l'EI en 2014.

Après la prise de cette ville, qui n'est «plus qu'une question de temps», la Turquie pourrait participer à une opération visant à chasser l'EI de sa «capitale» autoproclamée en Syrie, Raqa, a déclaré lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan.