Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué jeudi les tirs de roquettes sur le sud d'Israël à partir du Sinaï en Égypte, une première depuis 2015.

Ces tirs qui n'ont pas fait de blessé ont été suivis par la mort dans le Sinaï de deux Palestiniens, tués dans la nuit par une frappe israélienne selon le mouvement islamiste Hamas qui gouverne la bande de Gaza voisine.

L'armée israélienne a démenti toute implication. Mais la succession des évènements a nourri les spéculations sur un acte de représailles israélien après les tirs de roquettes.

Plusieurs roquettes ont été lancées mercredi soir du Sinaï vers la station balnéaire israélienne d'Eilat, sur la mer Rouge. Trois ont été interceptées en vol par les batteries du système antimissiles Dôme de fer, une autre a explosé en dehors de la ville, a dit un responsable de la mairie.

La branche égyptienne de l'EI a revendiqué les tirs dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. «Grâce à Dieu seul, une section militaire a tiré plusieurs roquettes hier» vers Eilat, a-t-elle dit.

Le Sinaï, frontalier d'Israël à l'est et de la bande de Gaza sur quelques kilomètres à son extrémité nord, est le théâtre d'affrontements entre les forces égyptiennes et l'organisation Province du Sinaï, branche égyptienne de l'EI, appelée autrefois Ansar Beït al-Maqdess.

Ansar Beït al-Maqdess est né en mars 2011 avec comme objectif revendiqué de s'en prendre à Israël et d'empêcher la coopération égypto-israélienne.

Mais le groupe s'en prend surtout au régime du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi depuis que l'armée a destitué en juillet 2013 le président islamiste Mohamed Morsi.

Quelques heures après les tirs vers Eilat, deux Palestiniens, Hossam al-Soufi, 24 ans, et Mohammed al-Aqra, 38 ans, ont été tués 200 kilomètres plus au nord dans le Sinaï, à la frontière avec la bande de Gaza. Ils sont morts dans une frappe israélienne, a dit Achraf al-Qoudra, porte-parole du ministère gazaoui de la Santé. Cinq autres personnes ont été blessées.

Le Hamas impliqué ?

Morts et blessés ont été transportés dans un hôpital de l'enclave palestinienne.

Ils travaillaient dans l'un des tunnels de contrebande passant sous la frontière entre l'Égypte et la bande de Gaza soumise aux blocus israélien et égyptien, a dit une source de sécurité du Hamas.

Le porte-parole de l'armée israélienne, le colonel Peter Lerner, a démenti auprès de l'AFP l'implication israélienne. Le ministère égyptien de la Défense s'est abstenu de tout commentaire.

Si elle était avérée, la frappe israélienne indiquerait qu'Israël opère sur le territoire de l'un des deux seuls pays arabes avec lesquels il a fait la paix. Or la question des relations entre Israël et Le Caire et de leur coopération est extrêmement contestée dans l'opinion égyptienne.

Israël riposte systématiquement aux tirs de projectiles en provenance de Gaza, comme il l'a encore fait lundi. De tels tirs sont communément attribués à des organisations salafistes, mais Israël dit tenir le Hamas pour responsable de ce qui se passe dans le territoire.

Cependant, les tirs de roquettes de mercredi soir étaient les premiers depuis 2015 à partir du Sinaï, a dit à l'AFP Ely Karmon, analyste à l'Institut international pour le contre-terrorisme, en Israël.

«Si c'est bien Israël qui a frappé le tunnel, c'est clairement qu'il (Israël) pense que le Hamas a quelque chose à voir» avec les roquettes sur Eilat, a-t-il ajouté. «Peut-être (Israël) estime-t-il que certains de ces djihadistes viennent des rangs du Hamas ou qu'ils ont reçu des armes du Hamas», a-t-il dit.

Israël fournit des renseignements à l'Égypte dans son combat contre les djihadistes, mais cherche à ne pas être impliqué directement, a-t-il dit.

Des sources locales palestiniennes le long de la frontière avec l'Égypte ont fait état par le passé et sous le couvert de l'anonymat d'opérations menées selon elles par l'aviation israélienne au-dessus de l'Égypte.

Les incidents à la frontière entre l'Égypte et Israël sont rares. Mais le 18 août 2011, un commando venu du Sinaï avait tué huit Israéliens au nord d'Eilat. Les forces israéliennes avaient tué sept assaillants et cinq policiers égyptiens dans des échanges de tirs. L'incident avait déclenché une crise diplomatique entre les deux pays.