Les États-Unis ont montré leur détermination à éliminer toute présence du groupe Etat islamique en Libye en menant des frappes aériennes meurtrières mercredi soir près de Syrte (nord), d'où les djihadistes avaient été chassés en décembre.

Alors que le président Obama s'apprête à passer le relais au président élu Donald Trump, les avions américains ont éliminé «plus de 80 djihadistes», a indiqué le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter.

Environ une centaine de bombes guidées au laser de 226 kilos ont été larguées par deux avions furtifs B-2 américains venus directement des États-Unis, sur deux camps de djihadistes situés à environ 45 kilomètres au sud-ouest de Syrte.

Les bombardements sont «un exemple clair de notre engagement pérenne à détruire le cancer Etat islamique, pas seulement en Irak et Syrie, mais partout où il apparaît», a déclaré le chef du Pentagone sortant dans une courte intervention devant la presse.

Il y avait parmi les djihadistes tués «des gens qui étaient en train de planifier activement des opérations en Europe et ont pu être liés à des attaques qui ont eu lieu en Europe», a précisé M. Carter, sans donner plus de détails.

Le président élu Donald Trump n'a pas indiqué quelles étaient ses intentions sur le dossier libyen, mais il a fait part de son intention d'accélérer la campagne contre le groupe Etat islamique.

Selon le porte-parole du Pentagone Peter Cook, les djihadistes visés «comprenaient des individus qui avaient fui Syrte pour rejoindre des camps isolés dans le désert pour se réorganiser».

La perte de Syrte en décembre, après des mois de combat, avait été un revers important pour le groupe Etat islamique, qui a perdu avec la ville son dernier grand bastion dans le pays.

Mais les combattants de l'EI restent capables d'agir en Libye. Leurs opérations sont facilitées par les combats entre factions rivales dans ce pays pétrolier qui font planer la menace d'un conflit généralisé.

Les groupes armés de Misrata, qui formaient l'essentiel des forces ayant chassé l'EI de Syrte au nom du GNA (gouvernement national d'unité), sont face à face avec l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.

Bombardiers et drones

La tension entre les deux forces militaires est brutalement montée début décembre, juste après la victoire de Syrte, lors que des milices de Misrata ont participé à une attaque contre la région du Croissant pétrolier, contrôlée par les forces du maréchal Haftar.

Le maréchal Haftar courtise désormais la Russie, espérant obtenir le soutien de Moscou pour étendre son influence sur toute la Libye.

Les deux avions B-2 qui ont mené les bombardements, «Spirit of Pennsylvania» et «Spirit of Georgia», sont partis de leur base aérienne de Whiteman dans le Missouri, où ils sont également revenus après leur mission, a précisé un porte-parole de l'US Air Force, le colonel Patrick Ryder.

Au moins «une quinzaine» d'avions ravitailleurs ont été utilisés dans la mission qui a duré «34 heures», a-t-il dit.

«Au moins un» drone MQ-9 Reaper a également tiré un missile Hellfire, a-t-il précisé.

Selon lui, les B-2 américains (les États-Unis en détiennent 20) n'avaient pas mené de bombardements depuis mars 2011. Ils avaient largué leurs munitions... en Libye, lors de l'opération internationale contre le régime du colonel Kadhafi.

Le porte-parole du Pentagone Peter Cook a précisé que les frappes avaient été approuvées par le président Barack Obama, et menées «en accord» avec le GNA.

Le Pentagone s'est également assuré selon lui qu'il s'agissait bien de combattants armés avant l'attaque, qui n'a pas fait de victimes civiles.

Jeudi, les forces libyennes loyales au maréchal Haftar qui contrôlent une grande partie de l'est libyen ont également annoncé être engagées dans de violents combats contre des groupes djihadistes dans une de leurs dernières positions dans la ville Benghazi (Est).