Les forces irakiennes ont annoncé dimanche avoir repris le site antique de Nimrod, un joyau de l'Antiquité, sur leur route vers Mossoul, où les djihadistes du groupe État islamique (EI) opposent une forte résistance.

En Syrie, l'EI voit l'étau se resserrer sur l'un de ses derniers bastions, al-Bab, au nord d'Alep, d'où se rapprochent les rebelles soutenus par les forces turques.

Cette offensive accroît encore la pression sur le groupe djihadiste ultra-radical, qui fait également face à l'opération menée depuis une semaine par une force arabo-kurde soutenue par les États-Unis pour reprendre Raqa, sa « capitale » en Syrie.

En Irak, la reprise de la zone de Nimrod n'est pas stratégiquement importante, mais elle a une portée symbolique. Car l'ancienne cité antique assyrienne est l'un des sites archéologiques les plus célèbres d'Irak, pays souvent décrit comme le berceau de la civilisation.

« Les villages de Nomaniyah et Nimrod ainsi que les ruines de Nimrod ont été repris », a déclaré à l'AFP le général Saad Ibrahim de la 9e Division blindée.

Le Commandement irakien des opérations, qui avait auparavant annoncé la reprise de la zone tout entière de Nimrod, a précisé plus tard que cela n'était pas correct.

Le village de Nimrod et le site archéologique ont néanmoins été repris, assure le Commandement.

L'armée irakienne n'a pas donné de détails sur l'état dans lequel se trouve le site, situé sur les bords du fleuve Tigre à une trentaine de kilomètres au sud de Mossoul.

La communauté internationale s'était alarmée au printemps 2015 lorsque l'EI avait diffusé des images montrant des djihadistes détruire au bulldozer, à l'explosif ou à la pioche des monuments, des bas-reliefs et des statues de Nimrod.

Nimrod est l'un des sites historiques, avec Palmyre en Syrie ou Hatra en Irak, que l'EI a pris pour cible, à grand renfort de vidéos, après sa conquête de vastes territoires dans les deux pays en 2014.

L'UNESCO a « salué les informations selon lesquelles Nimrod était de nouveau sous le contrôle du gouvernement irakien » et a proposé d'apporter son aide « lorsque la zone aura été stabilisée », selon son porte-parole George Papagiannis.

La bataille d'al-Bab

En Syrie, l'EI se bat pour ne pas perdre al-Bab, l'une des dernières villes qu'il contrôle encore dans le nord de la province d'Alep, près de la frontière turque.

Les rebelles syriens soutenus par les forces turques ne s'y trouvaient plus dimanche qu'à deux kilomètres, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'armée turque bombardait la ville à l'artillerie et depuis les airs, a-t-il précisé, sans être en mesure de fournir un bilan de victimes.

Al-Bab, ville de 100 000 habitants en majorité arabes, est le principal objectif de l'opération « Bouclier de l'Euphrate » lancée le 24 août par la Turquie.

Cette offensive sans précédent vise à la fois l'EI et les forces kurdes des YPG (Unités de défense du peuple kurde), considérés par Ankara comme une organisation « terroriste ».

La Turquie veut empêcher à tout prix la création d'une zone semi-autonome kurde le long de sa frontière. Son président Recep Tayyip Erdogan avait affirmé le 27 octobre vouloir capturer al-Bab puis Minbej, tenu par les milices kurdes, et se diriger enfin vers Raqa.

Une course de vitesse est engagée avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et soutenues par Washington, qui progressent vers Raqa depuis le nord dans le cadre de l'opération « Colère de l'Euphrate » lancée le 5 novembre.

Al-Bab est également stratégique puisque les FDS se trouvent une quinzaine de kilomètres à l'est et les forces du régime syrien à 10 kilomètres au sud.