Le président américain Barack Obama a donné mercredi son feu vert à l'envoi de quelque 600 soldats supplémentaires à l'approche de la bataille de Mossoul, dernier grand bastion du groupe État islamique en Irak.

À la faveur d'une offensive fulgurante en 2014, les djihadistes de l'EI se sont emparés de plusieurs pans du territoire irakien au nord et à l'ouest de Bagdad et ont fait de Mossoul leur place forte.

Les forces irakiennes, qui ont depuis deux ans reconquis de vastes espaces, surtout dans la grande province occidentale d'Al-Anbar, se préparent dorénavant à lancer l'assaut sur la ville.

«Le rôle de ces forces (américaines) sera principalement d'aider les forces de sécurité irakiennes, ainsi que les peshmergas (combattants kurdes) dans les opérations visant à reprendre le contrôle de Mossoul», a expliqué le chef du Pentagone Ashton Carter, évoquant des missions d'entraînement, de collecte de renseignement et d'aide logistique.

Les troupes américaines auront aussi pour mission de «protéger et accentuer les gains enregistrés ailleurs en Irak par les forces de sécurité irakiennes», a-t-il précisé, lors d'un déplacement dans l'État du Nouveau Mexique.

Selon le porte-parole du Pentagone Jeff Davis, 615 soldats supplémentaires précisément vont être déployés. Le nombre total de soldats américains en Irak, que les États-Unis avaient quitté militairement en 2011, sera porté à 5262.

Peu avant l'annonce américaine, les services du premier ministre irakien Haider al-Abadi avaient indiqué avoir demandé une «dernière augmentation» du nombre de conseillers militaires américains pour soutenir les forces irakiennes dans leur bataille imminente pour libérer Mossoul.

Le communiqué assurait que le nombre de conseillers militaires américains repartirait à la baisse une fois la bataille de Mossoul achevée.

Plusieurs responsables occidentaux ont laissé entendre que l'offensive pourrait être lancée en octobre mais M. Abadi est resté évasif sur le calendrier militaire.

Lors d'une rencontre la semaine dernière à New York avec le premier ministre irakien, M. Obama avait estimé que cette offensive pourrait être lancée «assez rapidement».

«Priver l'EI de sa base»

«Cela va être une bataille difficile, Mossoul est une grande ville», avait-il averti.

L'objectif, avait-il insisté, n'est pas seulement de chasser le groupe EI de la ville, mais aussi de préparer la suite: aide humanitaire de grande ampleur et reconstruction de la ville.

La coalition, mise sur pied à l'été 2014 et qui a effectué 14 000 bombardements en Syrie et en Irak, prépare avec le gouvernement irakien l'accueil des centaines de milliers de réfugiés - jusqu'à un million selon l'ONU - qui pourraient tenter de fuir pendant les combats.

Les alliés tentent aussi de déterminer la future gouvernance de la ville, sur laquelle Bagdad et le gouvernement régional du Kurdistan irakien doivent se mettre d'accord.

«Je suis confiant dans le fait que nous allons parvenir à priver l'EI de sa base territoriale», soulignait cet été le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

«Mais l'EI restera dangereux, même quand cette défaite aura eu lieu», ajoutait-il, en allusion aux récentes attaques revendiquées ou inspirées par l'EI comme à Nice, Bagdad, Istanbul ou Dacca.

Outre le déploiement de conseillers militaires américains en Irak, les États-Unis apportent une couverture aérienne cruciale aux forces gouvernementales dans leurs opérations antijihadistes.

En Syrie, des centaines de militaires américains sont déployés auprès de groupes rebelles et kurdes face à l'EI, également bombardé par l'aviation de la coalition internationale.

Selon le Pentagone, les États-Unis vont procéder «très rapidement, dans les semaines à venir» au déploiement en Irak des 615 militaires supplémentaires.

Une partie importante de leur mission sera de renforcer les capacités logistiques de l'armée irakienne avant la bataille de Mossoul.

Ils doivent notamment déployer des capacités d'atterrissage de nuit et par mauvais temps sur la base aérienne d'Al-Asad, dans la province d'Al-Anbar.

Et augmenter les capacités de la base aérienne de Qayyarah-Ouest, récemment reprise aux jihadistes et stratégiquement située à 65 kilomètres de Mossoul.

Les possibilités opérationnelles de cette base sont pour l'instant «limitées», a indiqué Jeff Davis. Mais, a-t-il assuré, «on est en progrès».