Il a téléguidé depuis la Syrie plusieurs des attentats commis en France et lance sur l'internet d'incessants appels au meurtre: le Français Rachid Kassim, 29 ans, ancien animateur social parti sur les terres du djihad, est devenu une priorité pour les services de renseignement.

Des consignes diligentées par Kassim, via la messagerie cryptée Telegram, ont été appliquées à la lettre par le commando de femmes qui a tenté début septembre, sans succès, de faire exploser en plein Paris une voiture chargée de bonbonnes de gaz.

Originaire de Roanne, dans le sud-est de la France, cet ancien rappeur apparaît dans « une dizaine d'enquêtes » sur de récents attentats ou projets d'attaques en France, selon une source proche de l'enquête.

Il a été « l'inspirateur » du meurtrier en juin d'un policier et de sa compagne en région parisienne et « a délivré directement ses consignes » aux deux assassins du prêtre d'une église normande, tué fin juillet, d'après cette source.

Son nom a également été évoqué par une adolescente, incarcérée début août alors qu'elle se disait prête à commettre un attentat. Idem pour une autre jeune radicalisée, écrouée mi-août après avoir posté des messages violents sur Telegram.

Kassim aurait aussi piloté un mineur de 15 ans, soupçonné d'avoir voulu passer à l'acte et interpellé samedi à Paris.

« Il y a six mois, c'était encore un inconnu », note une source proche du dossier. Il semble agir « hors de la ligne officielle de l'État islamique », mais l'EI « laisse faire, car il a atteint une grosse notoriété et parce que beaucoup d'aspirants djihadistes se tournent vers lui ».

Kassim a grandi avec sa mère dans une cité de Roanne. Le jeune homme, décrit comme sans histoire, y a travaillé de 2010 à 2012 comme animateur chargé notamment de l'accompagnement scolaire des adolescents.

Rap attentat

Élevé dans une famille peu pratiquante et marié à une Française convertie à l'islam, son discours a changé en 2011, selon la presse locale.

« Il s'est radicalisé sur l'internet et a tenté d'amener des jeunes vers l'islamisme radical, raconte à l'AFP Abdennour Bentoumi, secrétaire général d'une mosquée de Roanne. Des fidèles ont menacé de le dénoncer s'il ne partait pas ».

Il n'est plus jamais revenu. Le centre social « a eu aussi des soucis avec lui, car il faisait du prosélytisme », se souvient un élu local.

Kassim enregistre un album de rap, Première arme, sous le pseudonyme « L'Oranais », avec deux titres prémonitoires Je suis terroriste et Rap attentat.

La suite de son parcours comporte des zones d'ombre. Certains évoquent un séjour en Algérie en 2011, puis un voyage en Égypte en 2012. Quand a-t-il rejoint les zones de combat irako-syriennes ? D'anciens voisins racontent qu'il ne serait parti de Roanne que l'an dernier, mais ces témoignages n'ont pas été confirmés.

Kassim, en tous cas, disparaît des radars. Il réapparaît fin 2015 sur Facebook où il fait l'apologie du djihad. Signalée aux autorités, sa page a été fermée.

Reste sa chaîne privée sur le réseau crypté Telegram, qui compte plus de 300 abonnés. Dans ces messages, il diffuse des appels aux meurtres, détaillant modes opératoires et objectifs à attaquer.

Treillis de camouflage, tête enturbannée et barbe noire, il apparaît fin juillet dans une vidéo de propagande de l'EI, en hommage à l'auteur de l'attentat de Nice, qui a fait 86 morts le 14 juillet.