Les États-Unis ont mené lundi leurs premières frappes aériennes contre des positions du groupe État islamique (EI) à Syrte en Libye, à la demande du gouvernement d'union nationale (GNA) dont les forces peinent à reconquérir ce principal fief des djihadistes dans le pays.

«Les premières frappes américaines contre des cibles précises de Daech (acronyme arabe de l'EI) ont eu lieu aujourd'hui, infligeant de lourdes pertes (aux djihadistes) à Syrte», à 450 km à l'est de Tripoli, a indiqué le chef du GNA, Fayez al-Sarraj dans une déclaration télévisée.

Washington qui a au cours des derniers mois mené d'autres frappes aériennes contre l'EI en Libye a immédiatement confirmé ces bombardements à Syrte.

«A la demande du GNA, les forces armées des États-Unis ont conduit des frappes précises contre des cibles de l'EI à Syrte», a indiqué le porte-parole du Pentagone Peter Cook dans un communiqué.

Un responsable de la Maison-Blanche a expliqué pour sa part que le président Barack Obama avait «autorisé les forces armées américaines à effectuer des frappes en appui aux forces du gouvernement d'union à la demande du premier ministre» libyen.

Les forces pro-GNA tentent de reprendre la totalité de la ville de Syrte dans laquelle elles sont entrées le 9 juin et où elles assiègent depuis les djihadistes. Elles sont ralenties par la forte résistance de l'EI qui mène des contre-attaques, notamment en perpétrant des attentats suicide.

L'une des frappes de lundi a détruit un char de l'EI et une autre a visé deux véhicules de djihadistes, a souligné M. Cook, ajoutant que les raids à Syrte «vont se poursuivre».

«Cadre limité dans le temps»

Pour M. Sarraj cependant, ces frappes interviennent «dans un cadre limité dans le temps» et elles «ne dépasseront pas Syrte et sa banlieue».

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est livrée aux milices armées et minée par des luttes de pouvoir et des violences qui ont favorisé la montée en puissance des djihadistes de l'EI. Deux gouvernements se disputent le pouvoir, le GNA basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et un cabinet parallèle installé dans l'est.

«Nous avons demandé l'appui de la communauté internationale (...) mais nous souhaitons affirmer qu'il n'y aura aucune présence étrangère sur le sol libyen», a encore déclaré le chef du gouvernement libyen, rappelant que «toute aide doit être effectuée à la demande directe du GNA».

Aucun soldat américain «ne participera aux opérations terrestres du GNA», a assuré le responsable de la Maison Blanche, et l'aide des États-Unis «se limitera aux frappes et au partage de renseignements».

Faisant allusion à un récent différend avec Paris, M. Sarraj a par ailleurs souligné qu'«aucune action ne sera tolérée au profit d'une partie non légitime, même si elle intervient dans le cadre de la lutte antiterroriste».

Fin juillet, le GNA avait accusé la France de «violation» de son territoire, après l'annonce par Paris de la mort de trois de ses militaires qui menaient une mission de renseignement auprès des forces loyales à une autorité non reconnue par la communauté internationale.

L'Italie, qui soutient l'offensive à Syrte en soignant les membres des forces pro-GNA gravement blessés, a salué les frappes américaines. Celles-ci «contribuent au rétablissement de la paix et de la sécurité en Libye», a affirmé son ministère des Affaires étrangères. 

«Accord écrit» 

Selon un responsable du centre de commandement des opérations à Syrte, les raids américains de lundi ont été effectués au terme «de négociations et d'un accord écrit» entre le GNA et les États-Unis portant sur des détails techniques et des conditions précises, parmi lesquels l'«annonce simultanée» des frappes par Tripoli et Washington.

En outre, le GNA a insisté sur la nécessité d'être «informé préalablement des raids et des données GPS des cibles» pour la sécurité des forces pro-GNA sur le terrain, a indiqué à l'AFP ce responsable qui a requis l'anonymat.

Syrte est considérée comme l'un des principaux bastions de l'EI en dehors de la Syrie et l'Irak. Il y aurait entre 2000 à 5000 combattants de l'EI dans différentes villes de Libye, selon un rapport présenté le mois dernier par le secrétaire général de l'ONU au Conseil de sécurité.

En novembre 2015, un bombardement américain mené par des F-15 avait tué le djihadiste irakien Abou Nabil, présenté alors par Washington comme «le plus haut responsable de l'EI en Libye».

Et trois mois plus tard, en février, un autre raid aérien américain a touché un bâtiment abritant des djihadistes à Sabrata, à 70 km à l'ouest de Tripoli, faisant une cinquantaine de morts.