L'armée afghane soutenue par les forces américaines intensifie ses opérations contre l'organisation Etat islamique (EI) dans l'est de l'Afghanistan depuis l'attentat très sanglant du week-end dernier à Kaboul, ont annoncé mardi des responsables.

L'opération «Shaeen», «Aigle» en dari (l'une des deux langues officielles d'Afghanistan), dans laquelle sont engagés des moyens terrestres et aériens, se concentre sur les districts d'Achin et de Kot, dans la province de Nangarhar, où l'EI a établi ses principales bases pour tenter d'asseoir son contrôle sur cette zone frontalière du Pakistan, selon des sources militaires contactées.

Un photographe de l'AFP dans le district de Kot a confirmé mardi l'avancée des troupes afghanes qui ont saisi de nombreux postes, camps d'entraînement et cours de justice frappés du drapeau noir de l'État islamique.

Le ministère de la Défense a affirmé que l'armée était sur le point de briser la résistance de Daech (acronyme arabe de l'EI) dans cette région où les combattants islamistes ont fait leur apparition en 2014.

«Comme nous l'avions promis, nous allons abattre Daech. Nous avons déployé dans la zone des commandos supplémentaires de l'armée, soutenus par des frappes aériennes américaines. Les opérations se sont intensifiées ces derniers jours, de vastes régions du district de Kot ont été nettoyées, des dizaines de combattants tués, dont leur commandant Saad Emarati», a déclaré le porte-parole du ministère Mohammad Radmanish, joint au téléphone à Jalalabad, la grande ville de l'Est.

«On leur donne une bonne leçon pour les crimes qu'ils ont commis. Si Dieu le veut, la fin de Daech au Nangarhar est proche», a-t-il ajouté.

Un double attentat suicide revendiqué par l'EI samedi à Kaboul a fait 80 morts et 231 blessés au sein de la minorité hazara chiite.

L'EI est «sous pression»

Un porte-parole des autorités provinciales du Nangarhar, Attaullah Khogyani, a affirmé que Saad Emarati figurait parmi les 120 combattants du mouvement tués lundi dans des opérations intensives à Kot.

Selon cette source, Saad Emarati était un ancien commandant taliban de la province du Logar (sud de Kaboul) qui a fait allégeance à l'EI en 2015 pour en devenir l'un des principaux responsables dans la région. Sa mort représenterait un sérieux revers pour le groupe dans l'est de l'Afghanistan.

Le général américain Charles Cleveland, porte-parole de l'opération Resolute Support, déployée sous bannière de l'OTAN, a également prévenu que les forces américaines appuyaient l'armée afghane dans ses opérations contre les insurgés islamistes et allaient accentuer les raids aériens contre Daech.

«Nous allons continuer de cibler spécifiquement Daech, il est sous pression» a-t-il déclaré lundi devant la presse à Kaboul, promettant de nouvelles frappes. «Nous allons les traquer de manière agressive pour maintenir le maximum de pression. On recherche et on capture les leaders et les facilitateurs», a-t-il poursuivi.

Selon le général Cleveland, l'EI compte «1000 à 3000 combattants dans le pays, pour la plupart d'ex-talibans pakistanais et d'anciens combattants du Mouvement islamique Ouzbèque» (IMU, un autre groupe d'insurgés) principalement dans le Nangarhar, avec quelques éléments épars dans le Kunar voisin.

Depuis début janvier, les États-Unis ont procédé à «450 frappes aériennes» en Afghanistan, a-t-il affirmé.

C'est parce que «l'EI est sous pression qu'il en vient à perpétrer des attaques comme celle de Kaboul», assure le général Cleveland. «Ainsi, l'EI attire un maximum d'attention, mais ça ne signifie certainement pas qu'il est plus fort» a-t-il insisté. «Ce type d'attaque vicieuse contre des foules de civils ne présente aucune difficulté».

L'EI, dont les principales bases en Irak et en Syrie sont également attaquées, a revendiqué via son agence de propagande Amaq l'attentat contre la manifestation pacifique des chiites hazaras à Kaboul, «en représailles au soutien de certains chiites afghans» au président syrien Bachar el Assad.