Les autorités américaines se perdent en conjectures sur les allégeances de l'auteur présumé de la tuerie d'Orlando. Celui-ci aurait affirmé avoir agi tant au nom du groupe État islamique que de la branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front al-Nosra, pourtant frères ennemis.

Le directeur du FBI, James Comey, a fait le point ce midi sur l'attaque meurtrière survenue dimanche matin dans le bar gai Pulse, à Orlando. Il a indiqué que l'auteur, qu'il a pris soin d'éviter de nommer, avait appelé trois fois au 911 durant l'attaque, prêtant allégeance à l'État islamique lors de son dernier appel. Une radio du groupe terroriste a d'ailleurs salué l'attaque perpétrée par un « soldat du califat en sol américain ».

Mais voilà, celui que les autorités ont identifié comme Omar Mateen a également affirmé avoir agit en solidarité avec l'auteur d'un attentat-suicide membre du Front al-Nosra. Cette information est étonnante dans la mesure où ce groupe et l'État islamique sont en guerre ouverte en Syrie.

Rien n'indique que le tireur ait été en contact avec un groupe terroriste. Il est plus vraisemblable que celui-ci se soit radicalisé en consultant de la propagande en ligne.

Lundi, de nouveaux détails continuaient à émerger sur le tueur. Selon CNN, Omar Mateen a voyagé à deux reprises en Arabie saoudite. Il aurait effectué ces voyages en 2011 et 2012 dans le cadre d'un pèlerinage à la Mecque.



Bilan optimiste

Après avoir craint que le bilan de la tuerie de dimanche s'alourdisse, les autorités se montrent maintenant optimistes même si cinq des 29 victimes hospitalisées demeurent toujours dans un état critique.

Lundi matin, un chirurgien de l'hôpital ayant reçu les blessés avait dit craindre que le bilan de 49 morts ne s'alourdisse en raison de la gravité des blessures de plusieurs personnes admises. « Ils se rétablissent bien et nous sommes optimistes quant à leur pronostic », a écrit l'hôpital régional d'Orlando.

Même s'ils sont peu habitués à recevoir autant de patients à la fois, les responsables de l'hôpital se disaient bien préparés. « Nous organisons des simulations toutes les semaines. Grâce à ces exercices, nous étions bien préparés et avions toutes les ressources requises, comme du sang et du matériel médical », a indiqué le Dr Joseph Ibrahim. L'hôpital reçoit normalement six victimes de blessures par balles en même temps, alors qu'une cinquantaine a été admise à la suite de la tuerie.

Les autorités ont révisé à 49 le nombre de personnes ayant été tuées dans le bar gai visé par un tireur.

Les clients du Pulse, un bar gai d'Orlando, n'ont eu aucune chance quand un homme lourdement armé a fait irruption tôt dimanche matin. Le suspect, Omar Mateen, était principalement armé un fusil d'assaut AR-15, une arme tristement célèbre pour avoir été utilisée dans plusieurs tueries. Plus de trois heures après avoir commencé son carnage, le tireur a finalement été tué dans une fusillade avec les membres du groupe tactique (SWAT) de la police d'Orlando.

Lors d'une conférence de presse ce matin, le chef de police d'Orlando, John Mina, a donné davantage de détails sur le déroulement de la fusillade. Il a indiqué que le suspect a été confronté dès son arrivée par un agent qui assurait la sécurité de l'établissement. Un échange de coups de feu a eu lieu, mais le policier n'a toutefois pas pu empêcher l'individu d'entrer à l'intérieur du bar. Il a aussitôt demandé des renforts, à 2 h 02 du matin.

À l'intérieur, le suspect a vidé ses chargeurs sur la foule qui fêtait sur le plancher de danse.

Le chef de police Mina dit avoir ordonné l'assaut du bâtiment vers 5 h pour éviter que le tireur ne fasse d'autres victimes. « Nous pensons que nous avons empêché qu'il tue d'autres gens », a-t-il dit.

Le décès de 39 personnes a été constaté sur place, tandis que 11 blessés transportés à l'hôpital ont succombé à leurs blessures peu après leur admission, a indiqué le maire d'Orlando, Buddy Dyer. 

La tragédie est déjà la pire tuerie de l'histoire des États-Unis, surpassant celle de Virginia Tech, qui avait fait 32 morts en 2007.

Le père d'Omar Mateen s'est dit profondément choqué par la tuerie, disant que cela allait à l'encontre de ce qu'il lui avait appris. Seddique Mar Mateen a assuré qu'il aurait lui-même arrêté son fils s'il avait su que celui-ci planifiait de perpétrer un tel attentat.

Une radio du groupe État islamique a qualifié Omar Mateen de « soldat du califat en Amérique ». Soulignant qu'il s'agissait de la pire attaque en sol américain depuis le 11 septembre 2001, le média qui fait l'apologie du groupe terroriste a salué ce matin cette tuerie qui a ciblé des chrétiens et des homosexuels. Peu après le début de la tuerie, le tireur a appelé au 911 pour affirmer qu'il agissait au nom de l'État islamique.

« Dieu a permis au frère Omar Mateen, un des soldats du califat en Amérique, de mener une ghazwa [terme islamique pour désigner une attaque] durant laquelle il est parvenu à entrer dans une boîte de nuit des sodomites dans la ville d'Orlando [...] et à tuer et blesser plus de 100 d'entre eux », a indiqué le bulletin d'Al-Bayan.

Jusqu'à présent, 48 des 49 victimes de la fusillade ont été identifiées, a indiqué lundi matin le maire Buddy Dyer. Les familles de 36 d'entre elles ont été avisées, a-t-il ajouté. La plus jeune victime a 19 ans, Jason Benjamin Josaphat, tandis que la plus âgée, Franky Jimmy Dejesus Velazquez, en avait 50.

Le bilan a été révisé de 50 à 49 pour ne pas tenir compte du tireur parmi les victimes, a indiqué Paul Wysopal, l'agent du FBI responsable de l'enquête. « Je pense que ce qui a été donné [comme bilan] à un moment donné incluait le tireur. Nous n'incluons pas le tireur comme victime », a-t-il dit.

L'enquête policière sur la tuerie se continue quant à elle. Tous les corps des victimes ont été retirés des décombres.

Omar Seddique Mateen, âgé de 29 ans et né à New York, avait été interrogé à plusieurs reprises par la police fédérale, mais sans suite, a indiqué un responsable du FBI dimanche.

Cet homme lourdement armé a d'abord pris des otages vers 2 h dimanche avant d'être tué trois heures plus tard dans un échange de tirs avec les forces d'élite (SWAT). Quarante-neuf personnes sont mortes, plus le tueur, et 53 autres blessées au cours de la fusillade au Pulse, qualifiée par le président Barack Obama d'« acte de terreur et de haine ».

Une vidéo diffusée sur la plateforme de partage Snapchat montre des images de la discothèque au moment où le tueur commence à tirer. 

 

Les principales attaques liées à la mouvance islamiste aux États-Unis

La fusillade perpétrée dimanche à Orlando, en Floride, par un tireur qui aurait fait allégeance à l'État islamique a fait 50 morts, le pire attentat sur le sol américain depuis le 11-Septembre. Rappel des principaux attentats liés à la mouvance islamiste aux États-Unis.

Tuerie de San Bernardino

Le 2 décembre 2015, un couple lourdement armé ouvre le feu à l'occasion d'un repas de Noël pour des personnels de santé à San Bernardino, en Californie, tuant 14 personnes. Tashfeen Malik, Pakistanaise de 29 ans, et son époux Syed Farook, un Américain de 28 ans, munis de fusils d'assaut et d'engins explosifs, ont ensuite été abattus par la police.

L'EI salue les auteurs du massacre qu'il qualifie de «soldats» de son «califat» autoproclamé, sans revendiquer leur action.

Fusillade dans un centre militaire

Le 16 juillet 2015, Mohammad Youssef Abdulazeez, un Américain naturalisé et né au Koweït attaque un centre de recrutement militaire puis un centre de réservistes de la marine à Chattanooga, dans le Tennessee (sud), tuant cinq militaires avec son fusil d'assaut. Il est abattu par la police.

En décembre, le Pentagone et le FBI reconnaissent que l'attaque a été «motivée» par la propagande d'une organisation terroriste étrangère, sans plus de précision, alors que la famille évoquait les troubles mentaux du jeune homme.

L'EI a appelé ses partisans à prendre pour cible les militaires américains où qu'ils se trouvent.

Attaque «inspirée» par l'EI à Dallas

Le 3 mai 2015, la police abat deux hommes armés qui ont ouvert le feu en banlieue de Dallas, au Texas (sud) près d'un centre abritant un concours de caricatures de Mahomet. Le député néerlandais Geert Wilders, auteur en 2008 d'un film amalgamant terrorisme et islam, était invité.

Selon SITE, organisation spécialisée dans la surveillance des sites jihadistes, un homme se revendiquant de l'EI a affirmé sur Twitter que l'attaque avait été perpétrée par deux sympathisants de l'organisation jihadiste.

C'est la première fois que le groupe revendique officiellement une attaque dans un pays occidental. Le ministre américain de la Défense indique que l'attaque semble avoir été «inspirée» mais pas «pilotée» par l'EI.

Marathon de Boston

Le 15 avril 2013, deux bombes artisanales actionnées par deux jeunes musulmans d'origine tchétchène explosent simultanément près de la ligne d'arrivée du marathon de Boston (nord-est), faisant trois morts et 264 blessés parmi les spectateurs.

À l'issue de quatre jours de chasse à l'homme, Djokhar Tsarnaev est arrêté quelques heures après la mort de son frère, tué par la police. Il a été condamné à mort en juin 2015.

Base de Fort Hood

Le 5 novembre 2009, Nidal Hasan, un Américain d'origine palestinienne et psychiatre dans l'armée de terre ouvre le feu avec un pistolet semi-automatique dans la base de Fort Hood, au Texas, faisant treize morts et une trentaine de blessés.

Il est arrêté après avoir été blessé par une policière d'élite à l'issue d'un échange de tirs nourris.

Le 11 septembre

Le 11 septembre 2001, quatre avions de ligne sont détournés et deux volontairement précipités sur les tours jumelles du World Trade Center à New York, un autre s'écrase en Pennsylvanie et un autre au Pentagone en banlieue de Washington. Ces attentats, revendiqués par Al-Qaïda, font environ 3000 morts.

-Avec La Presse Canadienne et l'Agence France-Presse

AP, Jae C. Hong

La tuerie de San Bernardino, en Californie, avait fait 14 morts en décembre 2015.

Les pires attaques contre des homosexuels

Les homosexuels sont fréquemment victimes d'attaques meurtrières à travers le monde, mais les tueries de masse sont rares et aucune n'a atteint l'ampleur de la fusillade à Orlando.

Jusqu'à maintenant, la plus grave s'était déroulée à la Nouvelle-Orléans, où un incendie criminel contre un bar gai avait fait 32 morts en 1973, dans une relative indifférence.

30 juillet 2015 : Jérusalem

Un Juif ultra-orthodoxe, Yishaï Shlissel, se rue sur le défilé de la Fierté gaie, blessant six personnes à coups de couteau, dont Shira Banki, 16 ans. La jeune fille succombe peu après à ses blessures. L'assaillant avait déjà blessé trois personnes à la Fierté gaie de Jérusalem en 2005 et avait purgé dix ans de prison pour cette attaque.

1er août 2009 : Tel-Aviv

Un jeune homme et une adolescente sont tués par un inconnu au visage masqué qui ouvre le feu à l'arme automatique sur un groupe de jeunes à l'intérieur d'un centre d'aide psychologique pour homosexuels, situé en plein centre-ville. Une douzaine de personnes sont également blessées, dont trois grièvement.

22 septembre 2000 : Roanoke (Virginie)

Ronald Gay, 53 ans, se rend dans un bar homosexuel de Roanoke, en Virginie, et abat un homme. Six autres personnes sont blessées. Après son arrestation, le tueur déclare à la police avoir voulu « se débarrasser des "pédés" », expliquant qu'il supporte mal les commentaires sur son nom de famille.

30 avril 1999 : Londres

Une bombe explose à l'« Admiral Duncan », un pub de Soho fréquenté par la communauté homosexuelle de Londres. L'attentat, troisième d'une série d'attaques racistes et homophobes, fait trois morts, dont une jeune femme enceinte, et 65 blessés. Les semaines précédentes, deux bombes avaient explosé sur un marché de Brixton, et dans le quartier de Brick Lane, faisant au total 52 blessés. L'auteur des attaques, David Copeland, un technicien de 23 ans décrit comme un néonazi lors de son procès, dit avoir voulu déclencher une « guerre des races » au Royaume-Uni.

18 novembre 1980 : New York

Ronald Crumpley ouvre le feu devant deux bars gais de Greenwich Village, tuant deux personnes et en blessant six autres. L'homme, jugé irresponsable et interné à l'issue de son procès, affirme croire que les homosexuels sont des agents du diable qui tentent de « voler son âme en le regardant ».

24 juin 1973 : Nouvelle-Orléans

Un incendie criminel ravage en moins de 20 minutes l'Upstairs Lounge, un bar gai situé dans le Vieux Carré de la ville, provoquant la mort de 32 personnes, en grande majorité des hommes homosexuels, et en blessant une quinzaine d'autres.

Avant la tuerie d'Orlando, il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière perpétrée contre la communauté LGTB. À l'époque, la tragédie n'avait rencontré que peu d'écho médiatico-politique et l'archevêque de La Nouvelle-Orléans s'était abstenu d'offrir le soutien de l'église aux victimes.