Les forces irakiennes soutenues par l'allié américain se heurtaient jeudi à la résistance de centaines de djihadistes du groupe État islamique (EI) à Fallouja, où selon l'ONU 20 000 enfants risquent un recrutement forcé.

Dans la Syrie voisine, plus de 40 civils ont été tués dans le nord du pays par des bombardements aériens du régime, de la Russie et de la coalition internationale conduite par les États-Unis, tandis que l'EI faisait face à l'offensive d'une alliance de combattants arabes et kurdes sur deux fronts.

Entrées lundi dans Fallouja, les forces irakiennes tentaient d'avancer vers le centre de ce fief djihadiste situé à seulement 50 km à l'ouest de Bagdad.

«Nos forces poussent pour entrer dans le centre-ville, mais il y a une forte résistance» de l'EI, explique le général Abdelwahab al-Saadi, commandant de l'opération, faisant état de combats de rue. Le Pentagone a pour sa part affirmé que la bataille était «dure».

Assiégé à Fallouja, l'EI est condamné à se battre, contrairement aux autres batailles où les djihadistes parvenaient à fuir la progression des forces armées.

Des enfants forcés au combat

Implantés depuis janvier 2014 dans cette ville de la province d'Al-Anbar, les djihadistes ont sans doute fortifié leurs défenses.

«À chaque fois que nos forces essayent d'avancer, elles font face à des systèmes de défense mis en place par Daech», un acronyme en arabe de l'EI, a indiqué un colonel de la police.

Les commandants irakiens affirment avoir tué des dizaines de djihadistes depuis le début de l'offensive le 23 mai, mais restent discrets sur leurs pertes. Aucun bilan de victimes civiles n'était disponible.

Quelque 50 000 civils sont bloqués dans le centre de Fallouja. Parmi eux figurent au moins 20 000 enfants qui «risquent le recrutement forcé», a déclaré le représentant de l'Irak pour le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef) Peter Hawkins. «Les enfants sont forcés à porter les armes pour combattre dans une guerre d'adultes. Leur vie et leur avenir sont en danger».

S'adressant aux commandants de l'opération, le Premier ministre Haider al-Abadi a dit son inquiétude pour la population de Fallouja. Cité par la télévision, il a expliqué qu'il aurait été «possible de conclure l'offensive rapidement si la protection des civils n'était pas l'un des fondements de notre plan».

De son côté, le président du Parlement, Salim al-Joubouri, s'est entretenu avec des responsables de la province d'Al-Anbar et des chefs de tribus locales «des moyens de porter secours aux familles prises en otage et de l'ouverture de passages sûrs» pour qu'elles puissent s'enfuir.

L'ONU a accusé l'EI d'utiliser les civils comme boucliers humains.

Les milliers d'habitants ayant pu fuir Fallouja ou sa périphérie ont parlé d'un manque d'eau potable, de nourriture et de médicaments. Aucune aide n'est parvenue à la ville depuis septembre 2015.

Offensives anti-EI en Syrie

L'EI a profité de la guerre civile en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'y implanter.

La coalition internationale, principalement les États-Unis, apporte une aide cruciale aux forces antidjihadistes au moyen de raids aériens et de conseillers militaires sur le terrain.

En Syrie, ils aident spécialement les Forces démocratiques syriennes (FDS), composée de combattants arabes et kurdes.

Les FDS mènent depuis le 24 mai une offensive contre l'EI dans le nord de la province septentrionale de Raqa. Elles ont ouvert en outre un nouveau front contre l'EI dans le nord de la province limitrophe d'Alep, pour reprendre la ville de Minbej, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), un responsable des FDS faisant état de «combats féroces».

Le Centcom, le commandement militaire américain au Moyen-Orient, a fait état de 18 frappes de la coalition internationale sur des positions de l'EI à Minbej.

«L'offensive a démarré», la prise de Minbej, dernier corridor d'accès des djihadistes à la frontière turque, «est le prochain objectif de la coalition», a déclaré un responsable américain de la défense sous couvert de l'anonymat.

Ces raids aériens de la coalition, ajoutés à ceux du régime syrien et de son allié russe, ont tué 42 civils mercredi, a indiqué l'OSDH.

Selon le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui s'est dit mercredi «relativement optimiste» concernant les opérations en Irak et Syrie, l'EI est «nettement sur le recul», évaluant à 40% ses pertes territoriales en Irak.

«Avec en même temps des actions sur Raqa, Mossoul (Irak) et Fallouja plus les combats sur Manbij, plus la présence russe à Palmyre (Syrie), Daech sera (bientôt) encerclé complètement», a-t-il déclaré devant la commission d'enquête parlementaire sur les moyens mis en oeuvre par l'État français pour lutter contre le terrorisme.

Quinze civils ont été tués dans la province d'Idleb par l'aviation du régime et onze autres dans la province d'Alep par les raids aériens russes et syriens, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Six civils ont été tués par les raids de la coalition dans la localité de Minbej et 10 dans la ville de Raqa chef-lieu de la province éponyme, a-t-on ajouté de même source.

PHOTO AFP

Sur la photo, des déplacés ayant fui la bataille de Falloujah attendent de recevoir de l'aide alimentaire dans un camp de déplacés en banlieue de Bagdad, le 31 mai.