Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a vivement dénoncé vendredi l'«hypocrisie» des États-Unis dont des soldats soutiennent l'offensive de combattants kurdes contre le groupe État islamique (EI) dans le nord de la Syrie.

M. Cavusoglu, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à Antalya (sud de la Turquie), a jugé «inadmissible» que des membres des forces spéciales américaines, photographiés mercredi par l'AFP, portent l'insigne des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme «terroriste» par Ankara.

La Turquie, laquelle répète ne faire «aucune différence» entre les groupes terroristes, considère les YPG comme étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 une rébellion meurtrière sur son sol, et les soupçonne de chercher à se tailler un territoire dans le nord de la Syrie.

Washington considère cependant les YPG comme l'un des groupes armés les plus efficaces pour combattre l'EI au sol. Le soutien explicite des Américains aux milices kurdes de Syrie a tendu ces derniers mois les relations entre Ankara et Washington, alliés au sein de l'OTAN.

«C'est de l'hypocrisie, du deux poids deux mesures», a déclaré M. Cavusoglu. «Nous leur recommandons de porter des badges de DAECH (acronyme arabe de l'EI), du Front al-Nosra lorsqu'ils sont ailleurs en Syrie, et de Boko Haram lorsqu'ils vont en Afrique», a-t-il ironisé.

Un photographe de l'AFP a vu une vingtaine de soldats américains aux côtés des combattants arabes et kurdes qui mènent une offensive dans la province syrienne de Raqqa (nord) contre l'EI et il les a entendus communiquer entre eux en anglais.

Mais il n'est pas clair si les soldats américains déployés sur le terrain prennent part directement au combat ou s'ils agissent seulement en tant que conseillers et experts militaires, telle que leur mission a été définie par leur état-major.

Le Pentagone soutient qu'ils n'ont qu'une mission de «conseil et d'assistance», et pas une mission de combat.

M. Cavusoglu a critiqué une approche basée sur «une organisation terroriste que je peux utiliser et une autre que je ne peux pas». «Nous ne parviendrons pas à remporter notre lutte contre le terrorisme avec cette vision», a-t-il dit.