Plus de 300 ouvriers d'une cimenterie au nord de Damas ont été enlevés par le groupe État islamique (EI) qui a toutefois subi jeudi un nouveau revers en perdant son principal point de passage vers la Turquie.

Chassé de Palmyre et Al-Qaryatayn (centre) et sur la défensive dans la province d'Alep, l'EI a pourtant entamé lundi une offensive dans la région de Dmeir, au nord-est de Damas, où il a enlevé plus de 300 employés d'une cimenterie, selon l'agence officielle syrienne Sana.

«Des groupes terroristes liés à DAECH (acronyme arabe de l'EI) ont kidnappé plus de 300 employés et cadres de la cimenterie Al-Badia. La compagnie a informé le ministère de l'Industrie qu'elle n'était pas en mesure actuellement d'entrer en contact avec les personnes enlevées», indique Sana.

Un cadre administratif de cette cimenterie privée, la seule active dans le pays, avait affirmé plus tôt à l'AFP que la société avait «perdu le contact» avec ses ouvriers.

Si l'EI a pris le contrôle de la cimenterie à Dmeir, le groupe djihadiste «n'a pas réussi à prendre l'aéroport militaire et la centrale électrique Techrine», aux mains du régime, selon l'OSDH.

D'après l'Observatoire, 35 combattants de l'EI et 20 membres des forces du régime ont été tués depuis lundi à Dmeir, une localité qui comprend des secteurs sous contrôle de l'EI, de rebelles islamistes et de l'armée.

Sur le plan diplomatique, le médiateur de l'ONU pour la Syrie a indiqué que le prochain round de négociations intersyriennes à Genève ne débutera pas lundi 11 avril mais finalement mercredi 13 avril, jour où le régime de Damas prévoit d'organiser des élections législatives sur les territoires qu'il contrôle.

Avant la reprise de ces pourparlers indirects entre rebelles et régime syriens, dont le précédent s'était terminé sans avancée concrète, Staffan de Mistura a prévu de se rendre à Moscou et Téhéran, les alliés du régime de Bachar al-Assad.

Les Nations unies ont par ailleurs annoncé qu'elles préparaient pour la semaine prochaine une évacuation «majeure» de quelque 500 blessés et de malades bloqués dans quatre localités assiégées de Syrie, deux par le régime et ses alliés et deux autres par les rebelles.

Dix jours après la perte de Palmyre, célèbre pour sa cité antique classée au patrimoine mondial de l'Humanité, l'EI a subi un autre échec en perdant jeudi son «principal» point de passage avec la Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«Des factions rebelles et islamistes ont pris le contrôle du nord-est d'Al-Raï», localité sur la frontière avec la Turquie dans la province d'Alep (nord), après deux jours de combats contre l'EI, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. D'après lui, il s'agit «d'un des derniers» passages de l'EI vers la Turquie.

L'Observatoire, qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie en guerre, a aussi indiqué que deux responsables de l'EI, celui en charge de la région d'Al-Bab (province d'Alep), et celui en charge de l'Électricité, avaient été tués par une frappe menée par des avions de la coalition internationale près d'Al-Raï.

Depuis une dizaine de jours, le groupe ultraradical a perdu au profit des rebelles au moins 18 villages qu'il tenait depuis deux ans dans cette province d'Alep.

Pour M. Abdel Rahmane, «tous les belligérants en Syrie semblent aujourd'hui concentrer leurs opérations contre l'EI, que ce soit les rebelles, le régime ou encore les Kurdes». «C'est une sorte de distribution de rôle supervisée par les Américains et les Russes», parrains de la trêve mise en place fin février entre régime et rebelles.

Ce cessez-le-feu a permis aux troupes loyalistes de se concentrer sur la lutte contre les djihadistes, exclus de l'accord initié par Washington et Moscou.

Palmyre détruite à 45%

À Palmyre, ville du centre de la Syrie d'où les djihadistes ont été délogés il y a dix jours par l'armée syrienne et ses alliés, les habitants vont pouvoir commencer à retourner dans leurs foyers à partir de samedi, selon un responsable du bureau du gouverneur de Homs.

Ce responsable a indiqué que près de 45% de la ville résidentielle avait été détruite et que la cité antique avait été totalement nettoyée des mines laissées par les djihadistes.

La population de Palmyre était estimée entre 50 000 et 70 000 personnes avant le début du conflit en Syrie en 2011, et à 15 000 durant la présence de l'EI, qui avait pris la ville en mai 2015.

Ces derniers avaient pris la fuite lors des combats ayant précédé la reprise de la ville par l'armée le 27 mars.

La Syrie est le théâtre depuis 2011 d'un conflit qui a fait plus de 270 000 morts, jeté sur les routes plus de la moitié de la population, et implique de nombreux groupes armés ainsi que des puissances étrangères.

Selon l'ONU, environ 500 000 personnes sont actuellement piégées dans des villes syriennes encerclées par l'armée, des rebelles ou encore l'EI.