L'Irak a annoncé jeudi avoir lancé l'offensive pour reprendre Mossoul, la deuxième ville du pays, aux mains du groupe État islamique (EI), une bataille qui s'annonce difficile même si les djihadistes ont perdu du terrain ces derniers mois.

La reprise de Mossoul est considérée comme l'objectif le plus important de la campagne de reconquête des territoires perdus lors de l'offensive éclair menée par l'EI en 2014.

Les forces armées et leurs alliés «ont débuté la première phase des opérations de conquête» de la province de Ninive dont Mossoul est le chef-lieu, a annoncé le commandement des opérations conjointes dans un communiqué.

Déjà, plusieurs localités situées à une soixantaine de kilomètres de Mossoul ont «été libérées», a-t-il précisé.

Cette opération est menée par l'armée et les Unités de mobilisation populaire, une coalition de milices principalement chiites, avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Mossoul qui se trouve à 350 km au nord de Bagdad est devenue la capitale de facto de l'EI en Irak après avoir été la première grande ville du nord du pays à tomber aux mains des djihadistes en juin 2014.

Depuis, les autorités ont annoncé à plusieurs reprises l'imminence d'une offensive pour reprendre la grande métropole peuplée essentiellement de sunnites, mais celle-ci a sans cesse été repoussée.

Fin 2015, le premier ministre Haider Al-Abadi s'était engagé à libérer son pays de l'EI en 2016, en promettant que le «coup fatal» pour les djihadistes serait la libération de Mossoul.

Les opérations de reconquête ont déjà permis les reprises des villes de Tikrit, au nord de Bagdad, en mars 2015, et de Ramadi (ouest) en décembre.

À leur suite, les forces irakiennes ont annoncé le déploiement en février de milliers de soldats sur la base de Makhmur, à quelque 70 km au sud-est de Mossoul.



Rassurer la population

La reprise de la province de Ninive et de Mossoul pourrait s'avérer une opération longue et difficile selon les experts, notamment à cause de l'étendue de cette région peuplée où se concentre une grande partie des forces de l'EI.

Le général Sean MacFarland, commandant de la coalition internationale contre l'EI, a d'ailleurs récemment averti que la reprise de Mossoul n'était pas envisagée avant la fin 2016, voire début 2017.

Majoritairement sunnite, la population de Mossoul avait trouvé un répit appréciable après l'arrivée des djihadistes qui avait fait fuir les policiers chiites décriés pour leurs exactions.

Mais depuis, les habitants ont découvert les méthodes de l'EI et assisté à des décapitations en public, des lapidations et des crucifixions, et beaucoup craignent pour leur sort.

Les habitants «ont peur de DAECH, mais aussi de ceux qui viendront libérer Mossoul de DAECH», avait affirmé à l'AFP Salim al-Joubouri, président du Parlement et dignitaire sunnite. Ils «doivent d'abord être persuadés que les forces venues les libérer leur offriront une situation meilleure que celle qu'ils vivent actuellement».

L'armée irakienne a mis en place en février sur la base de Makhmur une station de radio appelée «As-Sanduq» («coffre» en arabe) afin de tenir les habitants informés des développements dans la zone.

«Elle a pour objectif de rassurer les gens, de leur dire qu'ils vont être libérés de DAECH» (acronyme de l'EI en arabe), a indiqué le sergent Salem Mahmoud, responsable du fonctionnement de la radio.

Les combattants peshmergas de la région autonome du Kurdistan irakien sont également fortement impliqués dans la lutte contre l'EI dans le nord de l'Irak.

Un responsable de ces forces, Araz Mirkhan, a confirmé à l'AFP l'avancée des forces progouvernementales qui se dirigent vers «al-Qayyarah au sud de la ville de Mossoul». «Cette avancée a permis de libérer quatre à cinq villages des terroristes de DAECH».

L'EI, qui a revendiqué les attentats meurtriers perpétrés mardi à Bruxelles, est également sur la défensive dans certaines régions de Syrie. En particulier à Palmyre (centre), où les forces prorégime, soutenues par l'aviation russe, ont progressé ces derniers jours jusqu'aux faubourgs de la ville.