Les forces irakiennes ont repris mardi au groupe armé État islamique (EI) un quartier clé de la ville de Ramadi, une avancée dans la difficile reconquête des vastes territoires tombés aux mains des djihadistes il y a plus d'un an.

Après de violents combats, les forces loyales au gouvernement de Bagdad ont réussi à s'emparer du secteur de Tamim, au sud-ouest de cette ville distante d'une centaine de kilomètres de Bagdad, ont annoncé des responsables à l'AFP.

Chef-lieu de la vaste province occidentale d'Al-Anbar, Ramadi, une ville qui s'étend le long du fleuve Euphrate, dans une plaine fertile, avait été conquise en mai 2015 par les djihadistes de l'EI, une défaite cuisante pour l'armée irakienne.

«Aujourd'hui, nos forces ont complètement libéré le secteur de Tamim après une bataille féroce contre les combattants de DAECH (acronyme arabe de l'EI)», a déclaré à l'AFP le porte-parole des services de lutte antiterroriste irakiens, Sabah al-Nomane.

«La libération de Tamim va beaucoup nous aider pour accélérer la reconquête de la totalité de la ville de Ramadi», a estimé le porte-parole du commandement des opérations conjointes, le général de brigade Yahya Rasool.

«Les forces irakiennes sont proches d'entrer dans le centre de la ville», a affirmé de son côté le chef de la police de la province d'Al-Anbar, le général Hadi al-Irzayij.

Il leur faudra pour cela traverser le bras de l'Euphrate qui sépare Tamin d'un autre quartier encore tenu par l'EI.

Désamorcer les bombes

Avant de continuer leur progression, les forces irakiennes travaillaient à désamorcer les engins explosifs disséminés par les combattants djihadistes dans le quartier de Tamim. Ces derniers ont pour stratégie de laisser de nombreux pièges afin de continuer à tuer des soldats et des civils même après leur départ.

De larges quantités d'armes et de munitions ont été saisies, selon le général Rasool.

La coalition internationale menée par les États-Unis qui intervient en Irak contre l'EI a mené 45 frappes dans la région de Ramadi au cours de la semaine passée pour appuyer l'avance des troupes irakiennes.

Une victoire à Ramadi serait d'une importance cruciale pour le gouvernement du premier ministre Haider al-Abadi après le camouflet enregistré par son armée dans cette ville. L'offensive pour reprendre Ramadi a été lancée depuis des mois, mais a souvent marqué le pas.

Les djihadistes de l'EI se sont emparés de vastes territoires en Irak, dont la deuxième ville du pays Mossoul, à la faveur d'une offensive fulgurante lancée en juin 2014. Six mois plus tôt, ils avaient conquis la ville de Falloujah, située dans la province occidentale d'Al-Anbar, bordant la Syrie.

L'EI a également pris le contrôle de vastes régions en Syrie.

Le nombre de combattants djihadistes étrangers présents en Syrie et en Irak a plus que doublé en un an et demi pour atteindre au moins 27 000, selon un rapport publié mardi par Soufan Group, un institut américain spécialisé dans le renseignement.

Mi-novembre, les forces kurdes irakiennes appuyées par des frappes aériennes de la coalition ont repris à l'EI la ville de Sinjar, dans le nord.

Les frappes aériennes, l'envoi de conseillers militaires et d'armes depuis l'étranger sont considérés par des experts comme cruciaux dans la bataille contre l'EI, mais le premier ministre irakien joue un numéro d'équilibriste entre la défense de la souveraineté nationale et la recherche d'appui à l'étranger.

Une polémique l'oppose depuis plusieurs jours à Ankara au sujet de l'entrée de troupes turques en Irak.

Bagdad a exigé dimanche le départ de ces troupes, entrées illégalement selon lui, sinon Ankara fera face «à toutes les options disponibles» y compris un recours au Conseil de sécurité de l'ONU.

Mais des responsables turcs ont laissé entendre qu'ils n'étaient pas prêts à retirer ces troupes qui compteraient entre 150 et 300 hommes déployés près de Mossoul.

La Turquie dispose par ailleurs, avec l'aval de Bagdad, des conseillers militaires en Irak pour former des volontaires sunnites désireux de reprendre Mossoul à l'EI.