Au moins 32 combattants du groupe Etat islamique (EI) ont été tués dimanche à Raqa, fief des djihadistes dans le nord de la Syrie de plus en plus pris pour cible par les frappes de la coalition internationale conduite par les États-Unis.

Cette intervention des pays occidentaux a été de nouveau critiquée par le président Bachar al-Assad qui, dans un entretien au Sunday Times, a qualifié de «préjudiciables» et «illégales» leurs frappes aériennes.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que «des avions militaires, probablement de la coalition internationale» avaient effectué quinze frappes «visant des positions de l'EI au nord, à l'est et au sud-est de la ville de Raqa».

Elles ont tué au moins 32 djihadistes et blessé plus de 40 autres, a précisé à l'AFP son directeur, Rami Abdel Rahmane. Mais le nombre de victimes pourrait probablement s'accroître, car ce bilan provient d'un seul hôpital, selon lui.

Raqa, ville de taille moyenne sur les rives de l'Euphrate, est devenue la capitale de facto de l'EI en Syrie. Elle est de ce fait l'un des objectifs majeurs des opérations de la coalition et, dans une moindre mesure, du régime et des Russes, qui ont lancé une campagne aérienne le 30 septembre. Les Russes sont toutefois accusés de viser également les rebelles dits modérés.

Dimanche, l'OSDH a indiqué que 13 civils dont deux enfants ont été tués apparemment par des frappes russes sur la ville de Zamalka, à l'est de Damas.La coalition bombarde le groupe djihadiste depuis septembre 2014, mais ses frappes se sont récemment intensifiées après les sanglants attentats de Paris revendiqués par l'EI et qui ont coûté la vie à 130 personnes.

La France a riposté par de lourdes frappes depuis le porte-avions français Charles de Gaulle positionné en Méditerranée orientale, le président François Hollande ayant promis de faire «le plus de dégâts possible à cette armée terroriste».

La Grande-Bretagne l'a rejointe jeudi, tandis que l'Allemagne a approuvé vendredi un plan pour rejoindre la coalition en effectuant des missions de reconnaissance. Ce projet d'engagement prévoit le déploiement de jusqu'à 1200 soldats en 2016 et une demi-douzaine d'avions, ce qui en ferait la plus grosse mission de la Bundeswehr à l'étranger.

«Soutien au terrorisme»

Dans l'entretien au Sunday Times, le président Assad a fortement critiqué ces interventions, notamment celle de la Grande-Bretagne.

«Cela va être préjudiciable et illégal et représenter un soutien au terrorisme», a-t-il affirmé en évoquant ces frappes autorisées par le Parlement britannique. «Vous ne pouvez pas les (le groupe EI) battre avec seulement des frappes aériennes. Vous ne pouvez pas les battre sans coopérer avec des troupes au sol. Vous ne pouvez pas les battre si vous n'avez pas l'approbation du peuple et du gouvernement», a-t-il martelé.

Il a également ironisé sur les «70 000 combattants syriens modérés» évoqués par le premier ministre britannique David Cameron sur lesquels la coalition pourrait s'appuyer au sol. «Il n'y en a pas 70 000. Il n'y en a pas 7000», a-t-il affirmé.

Interrogé sur une possible intervention au sol de soldats russes, Bachar al-Assad a répondu que le sujet «n'avait pas encore été discuté». «Je ne pense pas que nous en ayons besoin maintenant parce que les choses évoluent dans le bon sens», a-t-il ajouté.

Le président syrien a vu sa position consolidée, du moins dans un proche avenir, par le changement de ton des pays occidentaux, dont la France, qui ne font plus de son départ un préalable à des négociations pour une transition politique.

En revanche, la plupart des groupes d'opposants syriens restent intransigeants sur la nécessité de son départ. Ils discuteront de nouveau de cette question au cours d'une réunion prévue mercredi à Ryad pour tenter d'unifier leurs positions.

Les opposants considèrent qu'Assad est le premier responsable du conflit qui a fait plus de 250 000 morts depuis mars 2011.

L'OSDH a par ailleurs annoncé dimanche que l'EI avait exécuté un militant des médias dans la ville de Deir Ezzor en l'attachant à deux véhicules qui ont démarré dans des directions opposées.

Le groupe djihadiste l'accusait de «collaborer avec la coalition croisée» après avoir découvert des équipements d'enregistrement lors d'un raid à son domicile, a affirmé l'ONG.

Les militants locaux sont une source privilégiée pour recueillir des informations sur le quotidien sous le contrôle des djihadistes, les journalistes n'étant pas en mesure d'accéder à leur territoire.