La Turquie a bombardé jeudi des positions du groupe État islamique (EI) en Syrie en riposte à la mort d'un de ses soldats, tué par des tirs de djihadistes, trois jours après un attentat-suicide meurtrier attribué par Ankara aux terroristes.

Dans un climat de forte tension, encore nourri par l'assassinat d'un policier dans la grande ville kurde de Diyarbakir (sud-est), cet accrochage constitue le plus grave incident armé entre les forces de sécurité turques et l'EI depuis que le mouvement radical a pris le contrôle de larges parties du territoire syrien il y a un an.

L'incident s'est produit lorsqu'un groupe de cinq djihadistes a ouvert le feu sur un poste avancé de l'armée turque à la frontière, près de Kilis (sud). Un sous-officier a été tué et deux autres militaires blessés, a indiqué l'état-major dans une déclaration.

Conformément à ses règles d'engagement, l'armée a immédiatement riposté en bombardant le territoire syrien. Des chars ont ouvert le feu sur les positions de l'EI, tuant un de ses combattants et endommageant trois véhicules, selon l'armée.

Cette confrontation directe intervient dans la foulée de l'attentat-suicide commis lundi à Suruç (sud), qui a fait 32 morts et une centaine de blessés parmi un groupe de jeunes militants de gauche partisans de la cause kurde qui souhaitaient participer à la reconstruction de la ville syrienne de Kobané.

Les autorités ont identifié un jeune Turc de 20 ans, Seyh Abdurrahman Alagöz, comme le «kamikaze». Selon la presse, il a effectué un séjour en Syrie dans les rangs de l'EI.

Cette attaque a suscité la colère de la communauté kurde de Turquie, qui reproche au gouvernement islamo-conservateur d'Ankara d'avoir fermé les yeux sur les activités de l'EI sur son sol, principal point de passage de ses recrues vers la Syrie.

Jeudi, la police turque a été la cible d'une nouvelle attaque.

Cet échange de tirs survient au lendemain d'un conseil des ministres extraordinaire qui a décidé de renforcer sa lutte contre les djihadistes.

«Nous considérons DAECH (l'acronyme arabe de l'EI) comme une menace (...) notre système de contrôle à la frontière (syrienne) va être renforcé», a promis mercredi soir le porte-parole du gouvernement, Bülent Arinç.

Selon le quotidien Hürriyet citant des responsables turcs, le gouvernement envisage de déployer des dirigeables au-dessus des 900 km de sa frontière syrienne et de doubler sa ligne de barrières afin d'empêcher les mouvements des djihadistes.

Une nouvelle réunion des chefs de l'armée et des services de sécurité et de renseignement était prévue jeudi après-midi autour de M. Davutoglu.

Lors d'une conversation téléphonique mercredi soir, le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Barack Obama ont convenus «d'intensifier» leur coopération contre l'EI. La presse turque a évoqué jeudi l'ouverture de la base aérienne d'Incirlik (sud) aux avions de la coalition internationale qui intervient en Syrie et en Irak.

Pour la deuxième journée consécutive, la police turque a été victime jeudi d'une nouvelle attaque, sur fond d'agitation au sein de la communauté kurde de Turquie.