Plus de 50 enfants recrutés comme combattants par le groupe extrémiste État islamique (EI) en Syrie ont été tués dans des violences depuis le début de l'année, rapporte une ONG mercredi.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a documenté la mort de 52 enfants soldats, tous âgés de moins de 16 ans et recrutés dans le cadre d'un programme appelé par l'EI «les lionceaux du califat».

À l'été 2014, le groupe ultra-radical a proclamé un «califat» sur les territoires qu'il contrôle dans la Syrie en guerre et en Irak voisin.

Le programme assure un entraînement militaire et religieux intensif pour les petits dans les zones contrôlées par l'EI, selon l'Observatoire, qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.

Depuis janvier, l'EI a recruté plus de 1100 enfants, et au moins 31 garçons ont été tués en juillet dans des explosions, des combats ou des frappes aériennes du régime ou de la coalition menée par les États-Unis, d'après l'OSDH.

L'EI a habituellement recours aux enfants pour tenir un barrage ou rassembler des renseignements dans les zones hors de son contrôle, mais le groupe leur confie de plus en plus la tâche d'exécuter des prisonniers ou de mener des attaques-suicides.

D'après l'Observatoire, ceci est devenu plus fréquent avec la surveillance plus accrue de la Turquie de sa frontière et la perte de passages frontaliers, rendant plus difficile pour l'EI de faire transiter des combattants adultes.

Depuis le début de l'année, au moins 18 enfants ont été utilisés comme kamikazes, plus récemment dans les combats entre EI et forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.

«Quand un enfant en arrive au point de devenir kamikaze, cela veut dire qu'il a subi un lavage de cerveau total», affirme à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Mercredi, l'ONG Human Rights Watch a critiqué les forces kurdes syriennes pour ne pas avoir tenu leur promesse de cesser de recourir à des enfants-soldats.

D'après l'organisation, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde en Syrie, avaient démobilisé environ 150 enfants en 2014, mais elles continuent de recruter des garçons et des filles de moins de 18 ans comme combattants.

La milice «YPG s'est engagée à ne plus envoyer d'enfants faire la guerre et devrait respecter sa promesse», a déclaré Fred Abrahams, conseiller spécial auprès de HRW.

Même si les YPG combattent des groupes comme l'EI «qui bafouent les lois de la guerre (...) ce n'est pas une raison pour tolérer des abus de la part de ses propres forces», indique l'organisation.

La guerre en Syrie, qui avait commencé par la répression sanglante de manifestations pacifiques qui ont dégénéré en rébellion armée, est devenue un conflit meurtrier et complexe où s'affrontent armée, rebelles, kurdes et djihadistes sur un territoire de plus en plus morcelé.