Le Hamas au pouvoir à Gaza a qualifié vendredi de «propagande» les déclarations d'Israël qui l'accuse de soutenir les attaques djihadistes dans le Sinaï contre l'armée égyptienne, et multiplié les déclarations d'apaisement à l'égard de l'Égypte.

«Les déclarations de l'occupant (israélien) sur une aide apportée par le Hamas à l'État islamique (EI) sont des accusations stupides et relèvent d'une propagande visant à s'en prendre au Hamas», a affirmé à l'AFP le porte-parole du mouvement à Gaza, Sami Abou Zouhri.

Jeudi, un haut responsable militaire israélien avait accusé le Hamas d'avoir joué un rôle dans les attaques d'un groupe égyptien affilié à l'EI ayant fait des dizaines de morts, dont de nombreux soldats égyptiens, dans le Nord-Sinaï.

«Le Hamas a déployé des efforts et pris des mesures pour assurer la sécurité à la frontière» entre la bande de Gaza et l'Égypte, a ajouté M. Abou Zouhri. «Nous avons l'intention de préserver la sécurité de l'Égypte».

Sur la chaîne Al-Quds, proche du mouvement islamiste, le numéro deux du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouq, a de son côté estimé que «la surenchère actuelle (des violences, NDLR) ne sert ni le peuple palestinien ni le peuple égyptien».

«Ce qui se passe dans le Sinaï fait du tort à la bande de Gaza, car le Sinaï est son unique ouverture sur l'extérieur, notre main est toujours tendue et nous voulons entretenir des relations avec les dirigeants égyptiens, quels qu'ils soient, car il s'agit de l'avenir du peuple palestinien», a-t-il ajouté.

Le Hamas a perdu à l'été 2013 son grand allié, le président égyptien Mohamed Morsi, destitué par le chef de l'armée d'alors Abdel Fattah al-Sissi, qui lui a ensuite succédé à la tête du pays. Depuis deux ans, les autorités égyptiennes répriment la confrérie des Frères musulmans de M. Morsi et accusent régulièrement le Hamas, qui en est issu, de soutenir les attaques sur son sol.

Depuis peu, la presse locale se fait régulièrement l'écho de rencontres entre des dirigeants du Hamas et de l'Égypte, sous la médiation d'autres mouvements palestiniens, pour tenter de réchauffer les relations, tombées au plus bas, notamment pour obtenir la réouverture du poste-frontière de Rafah vers l'Égypte.

Interrogé sur les relations avec son grand voisin, M. Abou Marzouq, longtemps exilé au Caire, a estimé qu'elles étaient «très bonnes». «Nous avons parcouru un long chemin et mené de nombreuses tentatives pour des relations fortes et saines avec l'Égypte et nous pensons encore que ces relations ne sont pas seulement dictées par notre voisinage, mais aussi par l'histoire, la géographie et les intérêts communs».

«Malheureusement, a-t-il poursuivi, à chaque fois que nous nous entendons pour rouvrir Rafah, de telles attaques, condamnables, ont lieu dans le Sinaï».

L'armée égyptienne affirme avoir détruit des centaines de tunnels utilisés pour faire passer clandestinement des combattants, des marchandises et des armes entre la bande de Gaza et le Sinaï.

Le Hamas est confronté à une montée en puissance dans l'enclave de groupes radicaux, de plus en plus actifs depuis la guerre contre Israël durant l'été 2014, et dont certains chercheraient l'adoubement de l'EI.