Une vidéo diffusée mardi par le groupe djihadiste État islamique (EI) montre l'exécution particulièrement cruelle de 16 hommes présentés comme des «espions», dont certains meurent noyés dans une cage plongée dans une piscine.

Cette vidéo de 7 minutes 30 a été mise en ligne sur des sites djihadistes par la branche de l'EI de la province de Ninive, dans le nord de l'Irak, dont Mossoul est la capitale.

Elle présente 16 «espions» en tunique orange qui sont identifiés et parlent brièvement à la caméra. Ils sont exécutés en trois groupes selon des méthodes que l'EI n'avait jusqu'à présent pas publiquement utilisées.

Cinq hommes sont ainsi enfermés dans une cage d'acier, qui est soulevée du sol pour être plongée dans une grande piscine où leur noyade est filmée par deux caméras amphibies accrochées aux barreaux.

Un autre groupe de quatre hommes est enfermé dans une voiture qui est détruite par un tir de lance-roquette. Sept autres «espions» sont décapités par l'explosion d'un câble qui relie leurs têtes, selon la vidéo.

L'EI a diffusé de nombreuses vidéos d'exécution par des méthodes barbares depuis que ce groupe ultra-radical a pris le contrôle de larges pans de territoire en Syrie et en Irak, où il a proclamé un «califat». Ces vidéos insoutenables sont devenues sa principale arme de propagande.

L'EI perd une nouvelle localité

Le groupe extrémiste État islamique (EI) a subi un nouveau revers mardi dans le nord de la Syrie face aux Kurdes et leurs alliés rebelles qui se sont emparés d'une localité située sur une route stratégique.

Depuis la perte le 16 juin de Tall Abyad, qui leur permettait d'acheminer des armes et combattants depuis la Turquie, les jihadistes sont sur la défensive et ont perdu plusieurs positions au nord de Raqa, leur bastion en Syrie.

Mardi, les forces anti-jihadistes ont conquis Aïn Issa, au lendemain de la prise de la base militaire de la brigade 93, du nom de l'unité de l'armée syrienne que l'EI avait chassée en juillet 2014, ont indiqué un porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG) et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Aïn Issa est passé sous notre contrôle total, tout comme des dizaines de villages environnants», a assuré à l'AFP le porte-parole des YPG Redur Khalil.

«Après de violents combats et grâce à l'appui de la coalition conduite par les États-Unis, les djihadistes se sont retirés à l'est de la ville et au nord de Raqa, mais ils ont truffé Aïn Issa de mines», a déclaré de son côté le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

La veille au soir, les Kurdes et leurs alliés rebelles s'étaient emparés d'un camp militaire mitoyen, à 56 km au nord de Raqa, capitale de facto du «califat» proclamé par l'EI sur les territoires sous son contrôle en Syrie et en Irak.

Les YPG sont aidées dans leur offensive par des raids de la coalition internationale, qui ont fait selon l'OSDH au moins 26 morts parmi les djihadistes lundi.

L'EI sous pression

Ces deux nouvelles victoires sont capitales, car Aïn Issa et le camp militaire dominent une route cruciale tant pour les Kurdes que pour les djihadistes. Elle permet en effet à celui qui la contrôle de relier aisément les territoires dans les provinces d'Alep, à l'ouest, à ceux de Hassaké, à l'est de Raqa.

«Ces deux positions sont aussi situées sur la ligne de défense de Raqa et cela soumet l'EI à une forte pression», a relevé Mutlu Civiroglu, un expert des affaires kurdes.

«Jusqu'à la lisière de Raqa, les lignes de défense de l'EI sont fragiles désormais, car il n'y a pas de fortifications dans ce secteur qui est un terrain plat», a noté Rami Abdel Rahmane.

Redur Khalil a souligné que les relations «étaient excellentes» avec la coalition conduite par les États-Unis, tout en réaffirmant que les Kurdes - réputés pour leur organisation et leur discipline - avaient besoin de meilleures armes pour l'emporter sur les djihadistes.

Selon l'OSDH, les raids de la coalition, depuis leur début en septembre 2014, ont tué 2896 personnes, dont 2628 membres de l'EI et 105 du groupe djihadiste rival, le Front al-Nosra.

Redur Khalil a refusé de dire quelle serait la prochaine cible des Kurdes et de leurs alliés, mais a assuré que Raqa - que l'EI va défendre bec et ongles - n'était pas un objectif à court terme.

«Raqa est loin et bien défendue. La prendre nécessite des forces et des armes importantes», a-t-il dit.