L'armée syrienne progressait samedi en direction de Jisr al-Choughour, ville du nord-ouest perdue au profit des rebelles il y a deux semaines et d'où elle veut sauver 250 soldats et leurs familles assiégés dans un hôpital, rapporte une ONG.

Proche de la frontière avec la Turquie --pays favorable à la rébellion-- et à la périphérie de la province de Lattaquié --fief du régime--, la ville est tombée le 25 avril aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés.

L'armée a lancé une contre-offensive mercredi pour tenter de sauver des soldats, leurs familles et des civils pro-régime bloqués dans l'hôpital depuis la chute de la ville.

Cet hôpital se situe à la périphérie sud-ouest de Jisr al-Choughour, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Les forces du régime et les combattants loyalistes se trouvent désormais à deux kilomètres de l'hôpital et veulent à tout prix sauver les 250 personnes qui y sont assiégées», a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'ONG.

«De violents combats se déroulaient samedi entre l'armée et les rebelles qui tentent depuis deux semaines de prendre d'assaut l'hôpital», précise M Abdel Rahmane.

Il n'était pas clair dans l'immédiat de savoir comment les soldats bloqués sont parvenus à résister pendant deux semaines.

Le régime syrien a subi ces derniers mois une série de revers militaires, dont la perte d'Idleb, capitale de la province éponyme, et de Jisr al-Choughour, après plus d'un an de victoires successives face aux rebelles qui tentent de le renverser depuis 2011.

À Alep (nord), ex-capitale économique du pays, cinq civils ont été tués et 19 autres, dont des femmes et des enfants, ont été blessés samedi par un tir d'obus des rebelles sur le quartier de Salaheddine sous contrôle gouvernemental, ont rapporté les médias du régime.

L'armée de l'air largue quotidiennement des barils d'explosifs sur les secteurs rebelles de cette deuxième ville du pays, tandis que les insurgés tirent des obus sur les quartiers tenus par le régime.

Sur un autre front, dans la région de Qalamoun frontalière du Liban, le Hezbollah chiite libanais allié du régime syrien a annoncé à travers sa télévision Al-Manar avoir pris avec l'armée syrienne une base d'Al-Nosra, Sahlet al-Maaysra, affirmant qu'il s'agit de «la plus grande base à Qalamoun» d'Al-Qaïda en Syrie.

Jeudi, le chef de la puissante formation armée libanaise, Hassan Nasrallah, avait menacé de chasser les insurgés retranchés dans cette région. Depuis, le parti y a pris plusieurs collines et positions, avec l'appui de l'armée de l'air syrienne, selon l'OSDH et des sources militaires syriennes sur le terrain.

Et dans la province de Hassaké (nord-est), au moins 22 combattants du groupe jihadiste État islamique (EI) ont péri samedi dans des combats contre les forces kurdes et dans des bombardements aériens de la coalition dirigée par Washington sur différents villages s'étendant entre les localités de Ras al-Aïn, à la frontière turque, et Tall Tamer, plus au sud, selon l'OSDH.

Un communiqué de la coalition a indiqué que 13 frappes avaient été menées contre des cibles de l'EI près de Hassaké entre vendredi matin et samedi matin.

Plus de 200 combattants de l'EI ont péri dans cette région depuis leur offensive lancée en février, après leur déroute à Kobané, ville kurde du nord de la Syrie d'où ils ont été chassés grâce notamment aux raids de la coalition internationale.

Débuté en mars 2011 par des manifestations anti-régime pacifiques réprimées dans le sang, le conflit en Syrie a dégénéré en une guerre civile complexe, faisant plus de 220 000 morts.