La Maison-Blanche s'est montrée très prudente mardi sur un éventuel lien entre les assaillants du Texas et le groupe État islamique (EI) qui a revendiqué pour la première fois une attaque sur le sol américain.

L'attaque perpétrée dimanche soir par deux hommes lourdement armés --dont l'un était connu des autorités pour ses sympathies pour le djihad-- s'est produite dans la grande banlieue de Dallas, où se déroulait un concours de caricatures de Mahomet organisé par une association considérée comme islamophobe. Un policier a abattu avec son arme de service les deux hommes.

Soulignant que l'enquête menée par le FBI pour déterminer «les liens éventuels» des deux individus avec l'EI ou une autre organisation terroriste était toujours en cours, Josh Earnest, porte-parole du président Barack Obama, a jugé qu'il était «trop tôt» pour trancher.

Peut-on dire que l'EI est désormais actif aux États-Unis? «Avant de nous prononcer sur le sujet, nous préférons être certains d'avoir un maximum d'éléments en mains», a-t-il répondu.

Pour le sénateur républicain John McCain, «ces jeunes gens ont probablement été inspirés par l'EI». «Mais il y a une différence entre agir sur les ordres de l'EI et être inspiré par l'EI», a-t-il souligné.

C'est en tout cas la première fois que le groupe extrémiste sunnite revendique officiellement une attaque dans un pays occidental.

Dans un message diffusé à la radio, l'organisation affirme que «deux soldats du califat» ont mené une attaque contre cette exposition de caricatures contre le prophète à Garland, au Texas.

«Nous disons à l'Amérique: ce qui se prépare sera plus important et plus amer. Vous verrez des choses horribles menées par les soldats de l'État islamique», a menacé le groupe djihadiste.

L'organisation n'avait pas repris à son compte l'attentat à Paris début janvier visant l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo qui a fait douze morts, dont plusieurs dessinateurs.

Les autorités américaines n'ont pas communiqué officiellement les noms des deux assaillants de Garland. Mais ils ont été identifiés par des membres de leurs familles respectives comme étant Elton Simpson, 31 ans, et Nadir Soofi, 34 ans. Ils habitaient apparemment dans le même immeuble à Phoenix (Arizona, sud-ouest).

Sur Twitter, le ou les titulaires d'un compte lié aux deux assaillants ont fait allégeance au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, selon le New York Times.

Projet de voyage en Somalie

Soofi n'était pas dans le viseur des autorités et, selon des informations de presse, il était sorti de l'Ecole internationale d'Islamabad, au Pakistan, en 1998. Un cousin a affirmé à un média local qu'il était né aux États-Unis.

À Peshawar, au Pakistan, environ 70 personnes se sont réunies pour rendre hommage et prier pour Soofi mardi.

«Je ne connais pas Nadir Soofi, je ne l'ai jamais rencontré mais je le salue, c'est un martyr, un vrai héros de l'islam qui a donné sa vie en défendant l'honneur du saint prophète sur la terre des infidèles», a dit à l'AFP Pir Muhammad Chishti, le religieux à l'origine de la manifestation.

Elton Simpson était, lui, suivi par le FBI.

Selon des documents de justice obtenus par l'AFP, il avait été condamné en août 2011 à trois ans de mise à l'épreuve pour avoir menti au FBI. Malgré ses dénégations, des enregistrements audio du FBI avaient prouvé qu'il avait fait part à un ami de son souhait de se rendre en Somalie pour rejoindre ses «frères» et accomplir le djihad.

Il avait été condamné pour avoir menti à la police fédérale, mais le juge avait estimé qu'il n'y avait pas assez de preuves pour établir qu'il avait l'intention de rejoindre un groupe islamiste en Somalie.

Le FBI et la police de Phoenix avaient rouvert une enquête sur Simpson il y a quelques mois, quand celui-ci avait commencé à poster sur internet des éléments se rapportant au groupe EI.

Depuis, le jeune homme qui travaillait dans un cabinet dentaire, était suivi par les autorités qui surveillaient notamment ses publications sur les réseaux sociaux, selon le New York Times. Le quotidien note cependant que rien n'avait permis aux autorités de suspecter un passage à l'acte imminent.

Citant le président du Centre islamique où les deux hommes avaient l'habitude d'aller prier, le New York Times relève qu'ils étaient appréciés à la mosquée et qu'ils n'avaient jamais ouvertement fait part de leurs penchants radicaux.

Photo: AFP