Douze personnes ont été tuées dimanche dans la péninsule du Sinaï dans deux attaques contre l'armée et la police revendiquées par la branche locale du groupe Etat islamique, responsable de nombreux attentats contre les forces de sécurité dans cette région de l'est de l'Égypte.

Selon des responsables de la sécurité, un officier et cinq militaires ont péri dans l'explosion dans la matinée d'une bombe placée en bord de route, au passage de leur véhicule blindé près de la localité de Cheikh Zouwaid, dans le Nord-Sinaï.

Le Nord-Sinaï est un fief du groupe Ansar Beït al-Maqdess (les Partisans de Jérusalem en arabe), considéré comme la branche égyptienne de l'EI depuis qu'il a fait allégeance à l'organisation jihadiste et s'est rebaptisé «Province du Sinaï».

Sur un compte qui lui est attribué sur Twitter, «Province du Sinaï» a revendiqué l'attaque «contre un véhicule des soldats mécréants».

Sur sa page Facebook, l'armée a confirmé l'attentat et la mort de six soldats: «leur véhicule a été visé par un engin explosif posé par les terroristes extrémistes, qui a tué un officier, un sergent et quatre soldats et blessé deux autres soldats».

Dans l'après-midi, toujours au Nord-Sinaï, six personnes --cinq policiers et un civil-- ont été tuées et 44 blessées dont 15 policiers dans un attentat suicide au camion piégé, selon le ministère de l'Intérieur et les services de secours.

Le ministère a indiqué que le kamikaze avait foncé sur le poste de police à El-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï. «Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur le véhicule, qui a explosé, tuant cinq policiers et un civil et blessant plusieurs autres policiers».

Selon un policier, le camion était chargé d'explosifs, recouverts de paille. La façade du poste de police et des immeubles alentour ont été endommagés par la déflagration.

«Un repaire de la police mécréante a été visé à El-Arich par une voiture piégée conduite par un martyr», a affirmé Ansar Beït al-Maqdess en revendiquant l'attaque.

Vaste campagne militaire

Dans un incident séparé, un capitaine de l'armée et deux soldats ont été blessés dans une attaque à un point de contrôle proche de la ville de Rafah, frontalière de la bande de Gaza. Ansar Beït al-Maqdess a affirmé qu'un sniper du groupe avait mené l'attaque.

Ces attaques surviennent au lendemain de la confirmation par un tribunal égyptien des peines de mort prononcées à l'encontre du numéro un des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de 13 autres personnes accusées de violences.

Ansar Beït al-Maqdess a revendiqué de nombreuses attaques contre les forces de l'ordre dans le Nord-Sinaï, frontalier d'Israël et du territoire palestinien de la bande de Gaza. Le 2 avril, une attaque a coûté la vie à 15 soldats et deux civils.

Outre sa volonté d'étendre au Sinaï le «califat» de l'EI, ces jihadistes assurent agir en représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans du président islamiste élu Mohamed Morsi depuis sa destitution par l'armée le 3 juillet 2013. Dans les mois qui ont suivi, les forces de sécurité ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 sympathisants islamistes. Des centaines ont depuis été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.

Une vaste campagne militaire, lancée contre les groupes extrémistes dans le Sinaï il y a près de deux ans, n'a pas réussi à mettre fin aux attentats. Selon les autorités, plus de 500 policiers et soldats ont été tués dans ces attaques, essentiellement dans le Nord-Sinaï, depuis 2013.

Outre le Sinaï, l'Égypte est menacée par l'EI à sa frontière Ouest, avec la progression du groupe en Libye.

Fin mars, lors d'un sommet en Égypte, la Ligue arabe a annoncé la création prochaine d'une force conjointe pour combattre «les groupes terroristes» dans la région, comme le réclamait le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.