Des militaires canadiens ont été impliqués deux nouvelles fois dans des échanges de tirs avec des combattants du groupe armé État islamique (EI) au cours de la dernière semaine en Irak.

Durant une séance d'information à Ottawa lundi, le capitaine de vaisseau Paul Forget a convenu que ce genre de situation pourrait se reproduire de plus en plus souvent, tandis que les forces de sécurité irakiennes adoptent une posture de moins en moins défensive et de plus en plus offensive.

« La transition d'une position défensive à maintenant une position offensive permet à nos opérateurs de mieux aviser sur le terrain les effets recherchés par les forces irakiennes », a déclaré le capitaine Forget.

« Cela va arriver de temps à autre, oui. »

C'est le troisième incident du genre à survenir en deux semaines. Le premier a soulevé l'ire des partis de l'opposition, qui ont accusé le gouvernement d'avoir induit les Canadiens en erreur en affirmant que leurs Forces armées ne seraient pas impliquées dans des combats au sol.

La semaine dernière, le haut commandement des Forces armées a aussi révélé que les membres des forces spéciales canadiennes déployés au sol en Irak ont participé à 13 reprises à des missions d'identification de cibles pour faciliter des frappes aériennes depuis novembre. 

Le capitaine Forget n'avait aucun nouveau renseignement au sujet de ces opérations d'identification de cibles lundi.

Le haut gradé militaire a réitéré ce que ses homologues ont martelé la semaine dernière: dans le cas des trois incidents d'échange de tirs, les forces spéciales canadiennes n'ont fait que se défendre.

Le mandat donné à ces 70 militaires canadiens déployés au sol en Irak en est un de formation, d'assistance et de conseils. Le premier ministre Stephen Harper a toujours affirmé que ce mandat n'incluait aucune participation à des combats, contrairement aux frappes aériennes. Le Canada a envoyé quelques avions, dont deux chasseurs CF-18, pour prendre part aux bombardements de la coalition dirigée par les États-Unis.

Mais le chef d'état-major de la Défense canadienne, Tom Lawson, a déclaré la semaine dernière que le rôle du Canada au sol avait évolué pour augmenter le soutien aux frappes, notamment. Le capitaine Forget a donné peu de détails sur les derniers incidents, mais il a laissé entendre que les combats ont eu lieu durant un exercice de formation plutôt qu'un exercice d'identification.

Ces nouveaux renseignements font surface le jour de la rentrée parlementaire, où la mission en Irak promet d'être à l'ordre du jour durant la première période de questions depuis la pause des Fêtes.

Au cours d'une conférence de presse lundi matin, des porte-parole du gouvernement Harper ont maintenu la ligne dure au sujet des échanges de tir et affirmé que les militaires du Canada doivent se défendre lorsqu'ils sont attaqués, et que leurs actions s'inscrivent dans le cadre de leur mandat.

Vers une prolongation?

Durant cette conférence de presse qui s'est tenue quelques minutes seulement avant la séance d'information des hauts dirigeants des Forces canadiennes, le gouvernement Harper a tout fait sauf confirmer qu'il compte prolonger la mission militaire en Irak.

Désirant énoncer les priorités du gouvernement Harper au cours de la dernière session parlementaire avant les prochaines élections prévues en octobre, le ministre des Affaires intergouvernementales, Denis Lebel, a soutenu que la lutte contre le « terrorisme djihadiste international» fait partie de la liste des priorités, à l'instar de l'économie et de la création d'emplois.

« Le terrorisme djihadiste continue d'être une menace sérieuse pour le Canada et les intérêts canadiens. La menace proférée par le groupe État islamique en Irak à l'égard du Canada démontre que nous ne sommes pas loin des pensées des personnes qui représentent un danger pour nous »,  a lancé le ministre Lebel.

« Notre gouvernement n'a jamais eu peur de nommer le terrorisme djihadiste et nous n'hésiterons pas à le combattre. Contrairement à ceux et celles qui préféreraient que le Canada reste à l'écart alors que d'autres se battent pour nous, nous continuerons d'appuyer la coalition internationale dans son combat contre le groupe État islamique. Nous sommes résolus à renforcer les outils dont disposent la police et les organismes de renseignement pour protéger les Canadiens de la menace djihadiste mondiale », a-t-il ajouté.

En principe, le gouvernement Harper a indiqué que la mission des Forces canadiennes en Irak prendrait fin après six mois, soit en mars. Mais plusieurs ministres influents du gouvernement, dont le ministre de la Défense, Rob Nicholson, et le ministre des Affaires étrangères, John Baird, ont laissé entendre que cette mission pourrait prendre plus de temps pour être couronnée de succès.

Le leader du gouvernement en Chambre, le ministre Peter Van Loan, a indiqué ce matin que le gouvernement déposera une nouvelle motion à la Chambre des communes avant de prolonger cette mission.

À l'heure actuelle, le Canada a déployé six avions de chasse CF-18, deux avions de surveillance Aurora et un avion Polaris pour ravitailler les CF-18 en plein vol dans le cadre de cette mission. Cette portion de la mission a nécessité le déploiement de 600 militaires au Koweït. En outre, le Canada a déployé une soixantaine de militaires en Irak pour conseiller les forces irakiennes sur les meilleurs moyens pour contrer la menace du groupe armé État islamique.