L'armée algérienne a tué le chef du groupe djihadiste ayant décapité le touriste français Hervé Gourdel après une traque de trois mois qui a mobilisé des milliers de militaires.

Abdelmalek Gouri, âgé de 37 ans, a été tué avec deux membres de son groupe à Isser, à 60 km à l'est d'Alger, au cours d'une opération militaire lancée lundi soir.

Le chef du Jund al-Khilafa («Les soldats du califat») était très activement recherché depuis la mort d'Hervé Gourdel, ce guide de haute montagne de 55 ans du sud de la France, qui avait été enlevé le 21 septembre au coeur du massif du Djurdjura.

Le touriste français a été ensuite décapité en représailles, selon ses ravisseurs, à l'engagement de la France aux côtés des États-Unis dans les frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak.

Cette exécution, qui a eu une résonance mondiale en pleine assemblée générale de l'ONU, a conduit l'armée algérienne à mobiliser 3000 soldats pour traquer les auteurs de l'enlèvement.

Le ministère de la Défense a précisé que l'opération ayant conduit à l'élimination de Gouri lundi à 22 h 30 (16 h 30 heure de l'Est) avait été déclenchée «grâce à des renseignements et à une filature d'un dangereux groupe terroriste circulant à bord d'un véhicule».

L'opération «a permis la récupération de deux fusils automatiques de type Kalachnikov, une ceinture explosive, une importante quantité de munitions, des téléphones portables et d'autres objets», selon le ministère.

Après avoir été abattus, les trois djihadistes ont été transportés à l'hôpital de Bordj-Menaël, à cinq kilomètres du lieu de leur mort, où Abdelmalek Gouri a été identifié par son père mardi matin, a confié une source informée à l'AFP. Ses deux compagnons, eux, n'ont pas été encore identifiés.

Soupçonné de plusieurs attaques 

Abdelmalek Gouri a été tué tout près du lieu où il est né et a grandi jusqu'à son engagement au milieu des années 1990 dans les rangs des groupes djihadistes en guerre contre le régime.

Située au coeur d'une plaine agricole, Isser est une petite ville de Kabylie qui abrite notamment une grande école d'officiers de la gendarmerie, visée en août 2008 par un attentat suicide qui avait fait une quarantaine de morts.

Abdelmalek Gouri, alias Khaled Abou Souleimane, était un ancien bras droit du chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel. Il faisait partie d'une phalange de ce groupe à l'origine des attentats suicide contre le palais du gouvernement et un bâtiment de l'ONU en 2007 à Alger.

Il aurait été également derrière l'attaque qui a coûté la vie à 11 soldats en avril à Iboudrarène, dans la même zone où s'est où s'est produit l'enlèvement d'Hervé Gourdel.

Après la décapitation du Français, la justice avait lancé des poursuites contre quinze personnes, toutes de nationalité algérienne, soupçonnées d'y avoir  participé. Au moins deux d'entre elles ont été tuées le mois dernier, selon le ministre de la Justice, Tayeb Louh.

L'enquête est menée par une juridiction algérienne spécialisée dans les affaires de terrorisme, et une information judiciaire a été aussi ouverte à Paris.

Le corps d'Hervé Gourdel n'a pas été retrouvé même si l'armée a fouillé les alentours du campement ayant servi d'abri au groupe et reperé le lieu de tournage de la vidéo où Jund al-Khilafa a fait allégeance à l'organisation Etat Islamique fin août.

Outre les trois djihadistes de Jund al-Khilafa, l'armée a annoncé avoir tué mardi deux autres «dangereux terroristes» à Akerrou, à 120 km au sud-est d'Alger. Samedi dernier, elle avait tué trois autres djihadistes à Sidi Daoud, précisant qu'il y avait parmi eux un «dangereux terroriste» recherché depuis 1995.