L'Irak a salué samedi l'envoi de conseillers militaires, notamment américains, pour lutter contre le groupe État islamique, mais a jugé cette mesure «tardive» au moment où sa capitale était de nouveau le théâtre d'une série de sanglants attentats.

Cette déclaration intervient au lendemain de l'annonce par les États-Unis de l'envoi de 1500 conseillers supplémentaires pour entraîner les forces irakiennes à combattre les djihadistes de l'EI qui se sont emparés de larges territoires au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad.

Rappelant que le gouvernement irakien a demandé aux membres de la coalition internationale de l'aider à armer et à entraîner ses forces, le bureau du premier ministre Haïdar al-Abadi a souligné que celle-ci avait «donné son accord (que) quatre des cinq camps d'entraînement irakiens avaient été choisis» et que les pays avaient «désormais commencé à envoyer des formateurs».

«Cette mesure est un peu tardive, mais elle est la bienvenue», a-t-il ajouté.

Au côté des États-Unis, «plusieurs» autres pays de la coalition internationale participeront à ces missions de conseil et d'entraînement, a indiqué vendredi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Le Danemark a déjà promis 120 formateurs, a-t-il noté, et le Royaume-Uni a annoncé mercredi qu'il allait aussi envoyer de nouveaux conseillers militaires en Irak.

Plus de 3000 soldats américains

L'envoi de 1500 militaires supplémentaires portera le contingent américain dans ce pays à plus de 3000 soldats. Pour la première fois, les conseillers seront déployés en dehors de Bagdad et Erbil, la capitale du Kurdistan irakien (nord).

L'offensive de l'EI en juin en Irak a été marquée par la débandade des forces irakiennes, policiers et soldats abandonnant leurs positions en laissant derrière eux leurs armes et un énorme arsenal de véhicules de fabrication américaine.

Appuyées par des frappes aériennes de la coalition depuis le 8 août, les forces irakiennes ont quelque peu redressé la tête, mais elles peinent toujours à reprendre le terrain conquis par le groupe extrémiste sunnite, qui n'hésite pas à multiplier les exactions (exécutions, décapitations...) pour soumettre, par la peur, la population.

Si Bagdad échappe au contrôle des jihadistes, ces derniers de même que d'autres groupes extrémistes sunnites y mènent régulièrement des attaques sanglantes visant en particulier les chiites qu'ils considèrent comme des hérétiques.

La capitale irakienne a ainsi été de nouveau le théâtre samedi d'une série d'attentats à la voiture piégée, faisant 33 morts et plus de 100 blessés dans des quartiers majoritairement chiites, selon des sources médicales et sécuritaires. On ignore pour le moment si l'EI en est l'auteur.

Un champ pétrolier syrien visé

Dans le nord et l'est de la Syrie voisine, où le groupe jihadiste contrôle également de vastes secteurs, la coalition a mené dans la nuit de vendredi à samedi des raids contre l'EI, visant notamment un champ pétrolier, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En frappant de telles structures, les États-Unis veulent asphyxier l'EI qu'ils considèrent comme «l'organisation terroriste la mieux financée au monde». L'extraction de pétrole, revendu au marché noir, rapporte environ un million de dollars par jour à ce groupe, selon le Trésor américain.

Par ailleurs, depuis la ville syrienne kurde de Kobané, devenue le symbole de la résistance à l'EI, l'EI a bombardé samedi un camp de déplacés proche de la frontière turque, tuant deux civils.

L'EI, qui a proclamé un «califat» dans les régions irakiennes et syriennes sous son contrôle, est accusé de crimes de contre l'Humanité par l'ONU.

Il a notamment revendiqué la décapitation de quatre otages occidentaux. Des amis et proches de Peter Kassig, un Américain otage de ce groupe qui l'a présenté comme la prochaine victime dans une vidéo montrant la décapitation du Britannique Alan Henning, ont exhorté samedi les djihadistes à le libérer.

Alors que le conflit en Syrie, devenu protéiforme, a fait plus de 180 000 morts en près de quatre ans, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, est arrivé samedi à Damas pour discuter d'un «plan d'action» visant à relancer les efforts de paix. Il doit notamment rencontrer le président Bachar al-Assad durant ce séjour qui devrait durer trois jours, selon la presse syrienne.