Les avions de guerre canadiens ont pris position au Koweït, un pays qui tente difficilement d'empêcher la vague extrémiste de traverser ses frontières.

Les avions de chasse CF-18 et les avions de surveillance CP-140 Aurora doivent rejoindre la coalition menée par les États-Unis afin d'amorcer une campagne de bombardements contre le groupe armé État islamique (ÉI) en Irak dans les prochains jours.

Mais autour des aérodromes koweïtiens, on peut ressentir de la colère alors qu'une troisième guerre en deux décennies s'apprête à frapper la région.

«La position officielle ici est pro-occidentale, tout en maintenant une certaine neutralité», a expliqué George E. Irani, professeur en études internationales à l'Université américaine du Koweït.

«Oui, au niveau local, il y a certainement une présence islamiste importante et puissante.»

Puisque les combattants de l'ÉI se trouvent à environ 600 kilomètres au nord de la capitale irakienne, Bagdad, certains au Koweït remettent en question la gravité de la menace que pose le mouvement extrémiste et se demandent si l'idéologie fanatique représente un danger politique à long terme.

Il y a quelques jours, les forces de sécurité du Koweït ont tout de même démantelé une présumée cellule de l'ÉI à l'intérieur des frontières du pays. Les autorités en Arabie saoudite ont également condamné 14 personnes la semaine dernière pour avoir comploté en vue de commettre des attentats-suicides contre des cibles militaires au Koweït et au Qatar.

La sécurité autour des bases militaires occidentales est très stricte, et depuis le début de la semaine, les Canadiens ont besoin d'une permission spéciale afin de quitter les camps fortifiés du Koweït.

L'objectif est de rester discret afin d'éviter d'attirer l'attention des groupes extrémistes.

Certains suggèrent que l'ÉI n'a pas besoin de sortir des frontières irakiennes pour créer le désordre et que la menace - comme l'ont démontré les attaques à Ottawa et Saint-Jean-sur-Richelieu la semaine dernière - peut venir de «radicaux locaux» qui trouvent leur inspiration sur Internet.

Le Koweït a été l'hôte d'une conférence majeure plus tôt cette semaine entre les partenaires de la coalition militaire, une conférence à laquelle le Canada n'a curieusement pas participé. Le sujet principal a été les menaces en ligne.

Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Ottawa a indiqué que la conférence, au cours de laquelle les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Jordanie, le Liban, l'Égypte, la Turquie, l'Irak et les États du golfe Persique ont discuté de la propagande et du recrutement de l'ÉI sur Internet, était une rencontre de niveau «officiel».

Le général américain à la retraite John Allen, qui coordonne la campagne contre l'ÉI, était présent.

Cependant, la porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères, Claude Rochon, a indiqué par le biais d'un courriel que le ministre des Affaires étrangères John Baird avait déjà visité la région et que le Canada avait décidé de passer son tour lors de cette conférence.

Le général Allen a déclaré au groupe qu'il était essentiel de combattre la présence de l'ÉI sur Internet et le priver de «la légitimité du message qu'il envoie à des jeunes personnes vulnérables».

«Ce ne sera qu'à ce moment que l'ÉI sera réellement défait», a-t-il dit.

Cependant, des experts locaux soutiennent que le problème dans le monde musulman n'est pas nécessairement sur Internet et que l'accent mis sur les réseaux sociaux reflète les intérêts égoïstes des pays occidentaux, parce que c'est ainsi que la radicalisation se répand au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Les observateurs politiques au Koweït soutiennent qu'il est important de garder l'intolérance loin des mosquées et du système d'éducation. Ils croient que la coalition devrait plutôt préparer une stratégie portant sur ces éléments.