Des combattants kurdes irakiens lourdement armés étaient en route mercredi pour renforcer les rangs de leurs frères d'armes face aux djihadistes dans la ville de Kobané en Syrie où des renforts de rebelles syriens les ont précédés.

Nouvel exemple des atrocités commises par les djihadistes du groupe extrémiste sunnite État islamique (EI) dans les secteurs qu'ils contrôlent en Syrie et en Irak: ils ont exécuté par balles 46 membres d'une tribu sunnite ayant pris les armes contre eux dans la province irakienne d'Al-Anbar (ouest), d'après un chef local. Selon des images non authentifiées, une partie des victimes avaient les yeux bandés et les mains attachées dans le dos.

Alors que les combattants kurdes syriens des YPG repoussent depuis un mois et demi les assauts de l'EI à Kobané, troisième ville kurde de Syrie frontalière de la Turquie, des combattants kurdes irakiens (peshmergas) ont atterri avant l'aube à l'aéroport de Sanliurfa (sud de la Turquie) et pris aussitôt la route à bord de bus escortés de blindés turcs, pour la frontière syrienne, distante d'une cinquantaine de km.

Un autre convoi d'une quarantaine de véhicules, chargés d'armes lourdes, est arrivé dans le même temps en Turquie, où ils ont été accueillis par des milliers d'habitants kurdes sur leur chemin en direction de la province de Sanliurfa.

«Longue vie aux peshmergas, longue vie aux YPG», la principale milice kurde des Unités de protection du peuple kurde défendant Kobané, scandaient les habitants en faisant le «V» de la victoire et en agitant des drapeaux de mouvements kurdes turc et irakien, a constaté un photographe de l'AFP.

Selon un responsable turc, les deux convois doivent se rencontrer à Suruç et «traverser ensemble» la frontière syrienne «en fonction de la situation».

A Suruç, environ 2000 Kurdes, de Turquie ou des réfugiés de Kobané, attendaient dans la soirée l'arrivée des peshmergas, scandant notamment «Kobané sera un cimetière pour l'EI».

Combats et frappes à Kobané 

Ankara a donné la semaine passée, sous la pression américaine, son feu vert au passage de quelque 150 peshmergas.

Le général américain à la retraite John Allen, qui coordonne la coalition multinationale, a affirmé mercredi que ces combattants «empêcheraient» la chute de Kobané.

En attendant l'arrivée des peshmergas équipés d'armes automatiques et de lance-roquettes, environ 150 membres de l'Armée syrienne libre (ASL), qui fut la principale force rebelle contre le régime de Bachar al-Assad, sont entrés en Syrie par le poste-frontière turc de Mursitpinar, a indiqué un responsable turc.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé l'arrivée de 50 membres de l'ASL à Kobané, devenue le symbole de la résistance face à l'EI qui cherche à élargir son emprise territoriale en Syrie et en Irak.

Entretemps, les combats se poursuivaient à Kobané, tandis que la coalition a mené huit raids aériens près de cette ville ces dernières 24 heures, détruisant notamment un poste de contrôle de l'EI, selon le centre de commandement américain pour la région (Centcom).

L'un des objectifs des djihadistes est de s'emparer des quartiers nord afin de bloquer la voie vers la Turquie et d'isoler la ville. Une prise totale de Kobané leur permettrait de contrôler une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

De façon inattendue, l'EI a libéré mercredi 25 écoliers kurdes originaires de Kobané, qui avaient été enlevés avec 128 autres élèves en mai, ces derniers ayant été relâchés progressivement.

Champ pétrolier visé par l'EI 

Le groupe djihadiste, qui combat sur plusieurs fronts en Syrie, s'est par ailleurs emparé d'une partie d'un champ pétrolier à Homs, plus au sud, après des combats avec les forces du régime syrien qui ont perdu 30 hommes, selon l'OSDH.

L'EI a mis la main sur plusieurs champs de pétrole et de gaz. L'extraction de brut lui a rapporté environ un million de dollars par jour depuis juin, selon Washington.

En Irak voisin, des centaines de soldats irakiens et de combattants pro-gouvernementaux se rassemblaient en vue de lancer un assaut contre la ville stratégique de Baïji, contrôlée par l'EI, ont indiqué des officiers.

La prise de Baïji, au nord de Bagdad, pourrait permettre de sécuriser la principale raffinerie du pays, mais cette offensive s'annonce difficile pour les forces irakiennes, qui ont déjà subi plusieurs revers dans leurs tentatives de regagner du terrain.

Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a mis à profit la guerre civile en Syrie et l'instabilité politique et sécuritaire en Irak pour s'emparer de larges territoires, où il fait régner la terreur, y commettant viols, rapts, exécutions et crucifixions.