Environ 50 Canadiens sont impliqués dans les activités du groupe armé État islamique (EI), dont une trentaine en Syrie, a affirmé lundi un haut gradé des services de renseignements canadiens.

Jeff Yaworski, directeur adjoint des opérations du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), a témoigné devant le comité sénatorial de la sécurité nationale lundi. Il est le deuxième dirigeant du service d'espionnage à ainsi comparaître en comité parlementaire en quelques jours. Le directeur Michel Coulombe a déclaré il y a deux semaines que la menace terroriste qui pèse sur le Canada est bien réelle.

Ces nombreuses apparitions publiques surviennent au moment où le gouvernement Harper s'apprête à déposer un projet de loi qui élargirait les pouvoirs d'enquête de leur organisme.

Ces changements devraient « confirmer notre habilité d'opérer à l'international », s'est réjoui M. Yaworski. « Comme le démontrent les discussions sur le terrorisme et l'EI, l'habilité du SCRS de travailler à l'étranger est vitale pour faire face à la menace contre la sécurité nationale du Canada ». Il a précisé que le SCRS a maintenu une présence en Afghanistan depuis le retrait des troupes canadiennes.

Le témoignage du directeur adjoint a eu lieu quelques minutes après qu'un député conservateur a évoqué à la Chambre des communes la possibilité que l'incident violent qui s'est déroulé à Saint-Jean lundi soit un acte terroriste.

M. Yaworski n'a pas voulu aborder ce sujet à sa sortie du comité.

Durant son témoignage, il a précisé que le nombre de Canadiens qui se livrent à des activités terroristes à l'étranger atteint vraisemblablement 145. Son patron avait parlé de 130 la semaine dernière. 

Le témoin a réitéré qu'environ 80 personnes sont de retour au Canada après s'être livrées à des activités liées au terrorisme à l'étranger. Il a précisé que ces activités pouvaient être aussi simples que la gestion d'un compte Facebook.

Il a par contre reconnu qu'il n'était pas en mesure de dire combien de personnes sympathisent ou aident ces quelque 225 personnes. « Ce qui me garde éveillé la nuit, ce sont ceux qui ne sont pas encore sur notre radar », a-t-il dit.

Enfin, à une réponse lue en anglais par le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais, M. Yaworski a indiqué qu'il « y a une menace » qui pèse qui pèse contre les installations nucléaires canadiennes, dont celles en Ontario. « Elles sont une cible potentielle, mais à ce stade-ci, je dirais qu'il n'y a rien d'imminent », a-t-il ajouté.

Dans sa question, le sénateur Dagenais a évoqué la décision de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire rendue publique la semaine dernière de distribuer des comprimés antiradiation à des centaines de milliers de personnes qui vivent à proximité de ces installations en Ontario.