Les États-Unis ont visé un camp d'entraînement du groupe jihadiste État islamique (EI) pour la première fois depuis le début de leur campagne aérienne en Irak, à laquelle la France a annoncé jeudi qu'elle se joindra.

Après avoir diffusé trois vidéos montrant la décapitation de deux journalistes américains et d'un humanitaire britannique enlevés en Syrie, l'EI a mis en ligne jeudi un enregistrement montrant un journaliste britannique, John Cantlie, qu'il détient en otage.

Ces exécutions, et les multiples exactions de l'EI dans les régions qu'il contrôle en Irak et en Syrie, ont révulsé l'opinion publique et contribué à forger la coalition internationale mise en place par les États-Unis pour «détruire» ce groupe extrémiste sunnite dans le cadre d'une stratégie annoncée par le président Barack Obama.

Celle-ci prévoit une intensification des frappes contre l'EI en Irak, de possibles raids en Syrie et une aide aux troupes irakiennes et aux rebelles syriens «modérés» qui combattent aussi bien le régime de Bachar al-Assad que l'EI.

Pour la première fois depuis le début le 8 août de la campagne aérienne américaine qui a aidé les forces irakiennes et kurdes à reprendre certains secteurs aux jihadistes, des frappes ont visé ces dernières 24 heures un camp d'entraînement de l'EI au sud-est de Mossoul (nord), selon le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom).

La frappe a détruit «un véhicule armé, deux bâtiments occupés par l'EI et une unité» militaire, a-t-il précisé.

Selon un officier américain, quelque 40 jihadistes étaient présents sur le secteur visé.

Paris se joint aux frappes

Le Centcom a fait également état d'une frappe aérienne contre l'EI au sud-est de Bagdad. Ces derniers jours, les troupes d'élite irakiennes, appuyées par des raids américains, ont combattu les jihadistes à moins de 50 km au sud de Bagdad, dans le secteur de Fadhiliya.

Dans la capitale irakienne, 19 personnes ont été tuées et 40 blessées dans deux attentats et la chute d'obus dans des quartiers chiites, des attaques régulièrement attribuées aux jihadistes.

Devenant le premier pays à se joindre à la campagne aérienne américaine en Irak, la France a annoncé qu'elle procéderait «dans un délai court» à des frappes contre l'EI.

«(...) j'ai décidé de répondre à la demande des autorités irakiennes pour accorder le soutien aérien» à la lutte contre l'EI, a déclaré le président François Hollande, alors que les vols de reconnaissance français se sont poursuivis.

Il a néanmoins prévenu que la France n'enverrait pas de troupes au sol et n'interviendrait qu'en Irak, se démarquant sur ce dernier point des États-Unis, dont la stratégie impliquerait également des raids aériens contre les fiefs de l'EI en Syrie voisine.

L'annonce française a été saluée par la Maison-Blanche comme «une contribution importante aux efforts déployés par la coalition internationale grandissante pour combattre l'EI».

Appelé à suivre la Chambre des représentants, le Sénat américain devait approuver un plan destiné à équiper et à entraîner les rebelles syriens «modérés» afin de les aider à combattre l'EI.

Réunion du Conseil de sécurité

Le vote du Sénat précèdera une réunion vendredi du Conseil de sécurité de l'ONU, présidée par le secrétaire d'État John Kerry, dont l'objectif est, selon ce dernier, de «renforcer la coalition» anti-EI et «d'être plus précis» dans les attributions de chacun. Le général John Allen, qui dirigera la coalition, y participera.

Outre la menace qu'il présente au plan régional, l'EI, responsable de viols, rapts, exécutions et persécutions en Irak et en Syrie, fait craindre aux pays occidentaux que leurs ressortissants partis combattre dans ses rangs constituent un danger potentiel une fois revenus au pays.

L'Australie a ainsi annoncé avoir arrêté 15 personnes et déjoué des assassinats sur son sol projetés par l'EI. Les députés français ont eux adopté un projet de loi qui crée une interdiction de sortie du territoire pour empêcher le départ de candidats au «jihad».

Jeudi, le groupe État islamique a diffusé une vidéo du Britannique John Cantlie qui annonce avoir été enlevé après son arrivée en novembre 2012 en Syrie. Seul face à la caméra, cet ancien collaborateur du Sunday Times et de l'AFP affirme qu'il dévoilera dans «de prochains épisodes» «la vérité sur les motivations» de l'EI.

En anticipation de possibles frappes américaines en Syrie, les jihadistes se sont retirés de plusieurs positions dans la province de Deir Ezzor (est). Mais ils se sont emparés de seize villages dans le nord près de la frontière turque, encerclant Aïn al-Arab, 3e ville kurde du pays défendue par des milliers de combattants kurdes, selon une ONG syrienne.

Enfin, M. Kerry a accusé le régime syrien d'avoir violé l'accord international sur l'élimination de son arsenal chimique en ayant eu recours à des armes au gaz de chlore dans sa guerre contre les rebelles.