L'ONG française ACTED, pour laquelle travaillait le Britannique David Haines, décapité par l'État islamique (EI), a annoncé dimanche qu'elle allait porter plainte à Paris pour assassinat, enlèvement et séquestration.

Il faut qu'«un jour ils soient jugés», a déclaré à la presse Frédéric Roussel, cofondateur et directeur du développement de l'organisation humanitaire, tout en reconnaissant que cette plainte, qui sera déposée lundi, pouvait sembler «symbolique» au vu de la situation sur le terrain.

>>> Le communiqué d'ACTED sur l'assassinat de David Haines

L'ONG, a-t-il ajouté, entend également mener le combat «dans les années à venir» pour que ce type d'exécutions de travailleurs humanitaires, ou de journalistes, soit «qualifié» de «crime contre l'Humanité».

C'est un «combat» à mener «médiatiquement», mais aussi à un niveau «plus technique, dans les instances internationales», pour que «ces criminels comprennent que, quand on s'en prend à un humanitaire ou un journaliste, c'est pour toujours», a dit M. Roussel.

«Nous sommes devenus des témoins gênants», a-t-il martelé.

Dans certaines régions d'Irak et de Syrie, «il n'y a pas de journalistes, pas d'humanitaires, pas de témoins», s'est-il désolé. Si on accepte ça, «alors on accepte que des centaines de milliers de personnes souffrent des pires sévices».

Le cofondateur d'ACTED, qui s'est dit «abasourdi, consterné, bouleversé» par la nouvelle de la décapitation de David Haines, a insisté sur le fait que son ONG était touchée «de plein fouet depuis deux ans» par la recrudescence de violences visant les humanitaires et les journalistes.

ACTED a vu plusieurs de ses membres kidnappés ou tués sur différents terrains d'intervention.

«En deux ans, on a été touché en Syrie, en Afghanistan, en Centrafrique», alors que «cela ne nous était jamais arrivé en vingt ans». «Comment va-t-on pouvoir continuer à aider les populations qui sont dans ces situations dramatiques?», a-t-il demandé.

L'ONG s'était déclarée dimanche matin dans un communiqué «profondément bouleversée et horrifiée par l'assassinat odieux» de David Haines.

Engagé dans l'humanitaire depuis 1999, David Haines, 44 ans, avait été enlevé en Syrie en mars 2013. Il effectuait sa première mission pour ACTED en tant que responsable de la logistique dans le camp de réfugiés d'Atmeh, un village syrien près de la frontière turque.

«David était quelqu'un de bien, il était très apprécié de ses collègues, il faisait du très bon boulot», a déclaré M. Roussel. Il avait oeuvré en Yougoslavie, au Sud-Soudan, en Libye et en Syrie où «il s'occupait de la logistique». Il a été kidnappé aux abords du camp d'Atmeh, «où les gens mouraient de faim et de froid».

Fondée en 1993, l'ONG est présente dans 35 pays. «On aide six millions de personnes dans le monde et on tient à continuer à les aider», a dit M. Roussel.