Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a promis lundi de bâtir une large coalition de plus de 40 pays censée durer des années pour terrasser les jihadistes de l'État islamique (EI) qui sèment la terreur en Irak et en Syrie.

S'exprimant à la veille de son départ pour une grande tournée au Moyen-Orient, le secrétaire d'État a également salué la formation d'un nouveau gouvernement de rassemblement en Irak, condition indispensable aux yeux des Américains pour vaincre l'EI.

Ce voyage de John Kerry, qui commencera mercredi par la Jordanie puis l'Arabie saoudite, interviendra le jour où le président Barack Obama doit présenter un «plan d'action» contre ce puissant groupe armé islamiste ultra-radical et au moment où Washington a étendu sa zone de frappes aériennes en Irak.

Il s'agit, a martelé John Kerry, de mettre sur pied «la plus large coalition possible de partenaires à travers la planète afin de faire face, d'affaiblir et au final de vaincre l'EI».

Et «presque tous les pays ont un rôle à jouer pour éliminer la menace que pose l'EI et le mal qu'il représente», a ajouté le ministre qui affectionne les grandes postures morales.

Les États-Unis passent ainsi la vitesse supérieure dans la foulée d'une réunion au sommet de l'OTAN vendredi, où dix pays (États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Turquie, Pologne, Danemark, Canada, Australie) ont jeté les bases d'une coalition anti-EI, aux contours cependant encore flous.

L'État islamique, dont le «califat» est à cheval sur la Syrie et l'Irak, est estimé par Washington à quelque 10 000 combattants accusés des pires exactions et d'avoir décapité ces dernières semaines deux journalistes américains.

A l'OTAN vendredi, M. Kerry avait reconnu que ce combat «pourrait prendre un an, deux ans, trois ans». Il a réaffirmé lundi que la coalition était pensée pour «durer des mois et peut-être même des années».

Pas de troupes au sol 

L'alliance ne ressemblera toutefois en rien à celle qui avait permis aux États-Unis d'envahir l'Irak en 2003, le président Obama ayant exclu l'envoi de troupes au sol.

Washington compte s'appuyer sur «plus de 40 pays» qui pourront pèle-mêle «apporter un appui militaire à l'Irak», «stopper l'afflux de jihadistes étrangers», «couper les financements de l'EI» ou encore «régler les crises humanitaires» provoquées par le conflit, selon le département d'État.

Sa porte-parole Jennifer Psaki a refusé de citer tous les pays, arguant que certains, comme les 10 de la réunion de l'OTAN et les Emirats arabes unis, étaient déjà connus et que d'autres ne voulaient pas l'être.

D'après des diplomates américains, l'Albanie, l'Estonie, la Pologne, l'Arabie saoudite, le Japon ou la Corée du Sud et une bonne dizaine d'autres ont «proposé une assistance humanitaire et sécuritaire à l'Irak». Et les pays de la Ligue arabe viennent d'affirmer leur volonté de «prendre les mesures nécessaires pour affronter les groupes terroristes», dont l'EI, «au plan politique, idéologique et sécuritaire».

Mme Psaki a en revanche répété que ni l'Iran, et encore moins la Syrie, ne feraient partie de cette coalition.

A Amman puis à Jeddah, en Arabie saoudite, les entretiens entre John Kerry et ses homologues tourneront autour de la «manière de soutenir davantage la sécurité et la stabilité du gouvernement irakien», selon le département d'État, qui a laissé la porte ouverte à d'autres étapes dans la tournée de son ministre.

Le Parlement irakien a approuvé lundi soir un nouveau gouvernement dirigé par Haïdar al-Abadi, mais les portefeuilles de l'Intérieur et de la Défense n'ont pas été pourvus. John Kerry a vu dans ce gouvernement une «étape majeure» dans la lutte contre l'EI.

Le président Obama a appelé le Premier ministre irakien, lequel «a exprimé son engagement à travailler avec toutes les communautés d'Irak ainsi qu'avec des partenaires régionaux et internationaux», selon la Maison-Blanche.

La communauté internationale, qui tente d'aider Bagdad contre l'EI, réclamait un gouvernement qui rassemble toutes les forces politiques du pays, après avoir accusé l'ancien Premier ministre chiite Nouri al-Maliki d'avoir favorisé l'offensive jihadiste par sa politique autoritaire et de marginalisation de la minorité sunnite.

Et face à la menace de l'EI, et après des semaines d'hésitation, les États-Unis ont effectué depuis début août 148 frappes dans le nord de l'Irak et les ont étendues ce week-end à l'ouest du pays.