L'armée irakienne, appuyée par des milliers de miliciens et des frappes aériennes américaines, a brisé le siège de la ville turcomane chiite d'Amerli, enregistrant une rare victoire dans son combat contre les djihadistes de l'État islamique (EI).

Les soldats, appuyés également par des combattants kurdes, sont parvenus à entrer dans la ville située à 160 km au nord de Bagdad, qui était complètement sécurisée en soirée, selon un colonel.

Ils ont réussi à chasser les djihadistes de plusieurs villages que ces derniers contrôlaient autour d'Amerli depuis le 18 juin.

«Il s'agit d'un succès très important», a déclaré à l'AFP le général Qassem Atta, porte-parole des services de sécurité, soulignant que des combats avaient toujours lieu dans certains secteurs.

A Souleiman Bek et Yankaja, au nord d'Amerli, des combats ont éclaté entre Kurdes et miliciens d'un côté et les insurgés qui tiennent les deux localités de l'autre, selon des responsables.

Deux combattants kurdes et 12 miliciens ont été tués dans ces combats, selon un responsable et un médecin.

L'armée américaine a appuyé l'offensive terrestre par de nouvelles frappes aériennes à proximité d'Amerli et du barrage de Mossoul.

«Lors de ces frappes, un char de l'EI a été endommagé près d'Amerli et un véhicule armé a été détruit près du barrage de Mossoul (nord)», a annoncé dimanche le département de la Défense à Washington.

Les quelque 20 000 habitants d'Amerli ont résisté durant plus de deux mois à l'un des sièges les plus longs depuis le début de l'offensive djihadiste en Irak le 9 juin.

Ils manquaient d'eau, de nourriture et de médicaments. Plusieurs pays occidentaux ont largué de l'aide humanitaire au cours du week-end.

L'ONU craignait un «massacre» en cas de prise d'Amerli par les djihadistes.

L'entrée des forces irakiennes dans la ville est l'un des rares succès enregistrés face aux djihadistes, après la déroute de l'armée au début de l'offensive des insurgés qui se sont emparés en quelques jours de larges pans de territoire.

Plus au sud, à Ramadi, ville tombée dès le début de l'année aux mains d'insurgés sunnites, un double attentat suicide contre les forces de sécurité a fait au moins 13 morts, selon la police.

120 frappes

Commencé le 8 août, le soutien aérien américain, premier engagement militaire des États-Unis en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, a joué un rôle crucial dans la prise à l'EI le 17 août du barrage de Mossoul (nord), le plus important du pays, par l'armée et les forces kurdes, qui ont reçu en outre des armes de Washington.

Au total, 120 frappes ont été menées par les États-Unis depuis le 8 août.

Dans ce contexte, l'Allemagne a annoncé dimanche soir qu'elle allait faire une première livraison d'armes - 30 missiles antichars et de plusieurs milliers de fusils d'assaut - aux Kurdes pour les aider à lutter contre l'EI.

La chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, consacrera lundi une session extraordinaire à ce sujet, en présence de la chancelière Angela Merkel.

Accusé par l'ONU de «nettoyage ethnique», l'EI, également engagé en Syrie voisine, multiplie les exactions dans les régions conquises dans ces deux pays et poussant à la fuite des centaines de milliers d'habitants.

Le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies tiendra lundi une réunion spéciale sur la situation en Irak «à la lumière des exactions commises par l'État Islamique en Irak et au Levant, et par des groupes associés».

Plus de 1,6 million d'Irakiens ont été déplacés cette année par les violences, dont 850 000 durant le seul mois d'août.

Drone abattu par Israël

De l'autre côté de la frontière en Syrie, la stratégie des États-Unis concernant l'EI pourrait être précisée dès «la semaine prochaine» selon l'élu américain Dutch Ruppersberger, après que le président Barack Obama a reconnu jeudi ne «pas encore avoir de stratégie» contre l'EI.

Le chef de la diplomatie John Kerry, qui est attendu dans la région après un sommet de l'Otan les 4 et 5 septembre, a souligné que M. Obama proposerait un plan d'action à l'ONU en septembre.

Le conflit en Syrie est devenu extrêmement complexe avec l'arrivée de djihadistes de l'étranger qui ont affaibli la rébellion face au régime.

Sur le plateau du Golan, dans le sud syrien, 44 Casques bleus fidjiens sont toujours retenus, selon l'ONU. Le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, avait revendiqué leur enlèvement.

Toujours sur le front syrien, l'armée israélienne a annoncé avoir abattu par un missile sol-air un drone venu de Syrie et passé du côté du Golan qu'elle occupe, sans préciser qui opérait l'appareil.