Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution qui vise à empêcher le recrutement et le financement des djihadistes en Syrie et en Irak.

Il a aussi ajouté les noms de six extrémistes, parmi lesquels des responsables de l'État islamique et du Front al-Nosra originaires d'Arabie saoudite ou du Koweït, sur une liste d'individus soumis à des sanctions internationales pour leurs liens avec al-Qaïda.

Ces sanctions consistent en un embargo sur les armes, des gels d'avoirs et une interdiction de voyager.

La résolution, proposée par le Royaume-Uni, est la mesure la plus concrète et la plus étendue prise à ce jour par le Conseil face à l'avancée des combattants de l'EI. Ceux-ci contrôlent une bonne partie du territoire en Syrie et en Irak et sont accusés d'y commettre des atrocités.

Le texte est placé sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, ce qui permet de recourir à des sanctions, voire à la force, pour le faire appliquer mais n'autorise pas pour l'instant d'opération militaire.

À l'issue du vote, l'ambassadrice américaine Samantha Power a salué «la position ferme et unie» du Conseil et sa «volonté de prendre des mesures concrètes» face à ce qu'elle a qualifié de «nouveau front de la menace terroriste». Elle a cité le chiffre de 12 000 combattants étrangers ayant participé jusqu'ici aux combats en Irak et en Syrie.

Le représentant russe Petr Illichev a souligné que la résolution «ne donne pas d'approbation pour une action militaire».

L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a reconnu devant la presse que cette résolution  ne changera pas dans l'immédiat la situation en Irak ou en Syrie. Mais elle va «fournir un cadre international» aux efforts pour contrer l'EI, a-t-il expliqué.

Son homologue syrien Bachar Jaafari s'est félicité de l'adoption de la résolution, affirmant que «la Syrie est un partenaire indispensable dans la lutte contre le terrorisme». «Assad (le président syrien Bachar al-Assad) est pour une large part responsable du terrorisme, il ne représente certainement pas la solution», lui a répondu Mark Lyall Grant.

La résolution réclame le désarmement et la dissolution immédiats de l'État islamique (EI) ainsi que du Front al-Nosra en Syrie, et des autres formations liées à al-Qaïda.

Le Conseil «demande à tous les États membres de prendre des mesures nationales pour endiguer le flot de combattants terroristes étrangers» qui vont rejoindre l'EI ou Al-Nosra et les poursuivre en justice. Il menace de sanctionner tous ceux qui participent à ce recrutement.

Il «condamne tout échange commercial direct ou indirect» avec les djihadistes, qui contrôlent désormais des champs pétroliers et des infrastructures potentiellement rentables. Un tel commerce «pourrait être considéré comme un appui financier» et conduire à des sanctions.

Le Conseil avait jusqu'à présent adopté des déclarations non contraignantes dénonçant les persécutions des minorités en Irak --notamment yazidis et chrétiennes-- par l'EI et soutenant le gouvernement irakien dans sa lutte contre les djihadistes.

Les six nouveaux djihadistes sanctionnés s'ajoutent à une longue liste noire, dressée par l'ONU et régulièrement remise à jour, d'individus ou groupes liés à Al-Qaïda. Un comité des sanctions dépendant du Conseil de sécurité est chargé de gérer cette procédure.

L'État islamique et le Front al-Nosra figurent déjà en bonne place sur cette liste.

En pratique, cette résolution ne fait que rappeler aux États leurs obligations et reprend en les renforçant des dispositions déjà adoptées par le Conseil. Celui-ci avait apporté son soutien fin juillet à une proposition de la Russie, destinée à interdire toute transaction pétrolière avec l'EI et Al-Nosra.

De nombreux pays, dont la France, surveillent déjà leurs ressortissants soupçonnés de vouloir rejoindre les groupes djihadistes.

Depuis le 9 juin, l'État islamique s'est emparé de pans entiers du territoire irakien au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad et a proclamé un califat à cheval entre Syrie et Irak sur les zones qu'il contrôle.

Pour aider les forces kurdes dépassées par cette progression rapide, les États-Unis mènent depuis le 8 août des frappes aériennes. L'ambassadeur irakien à l'ONU Mohammed Ali Alhakim a souhaité que Washington «poursuive et intensifie» ces frappes.