La Commission européenne a débloqué cinq millions d'euros supplémentaires d'aide aux populations déplacées en Irak et a réfléchi mardi aux moyens de mieux coordonner l'aide humanitaire, mais l'hypothèse d'une livraison d'armes aux Kurdes opposés aux djihadistes n'a pas été retenue.

Une réunion des ambassadeurs de l'UE a été organisée pour coordonner les actions en Irak, mais également en Ukraine et dans la bande de Gaza. Elle a permis un échange de vues entre États membres de l'UE sur ces crises.

Les ambassadeurs se sont mis d'accord pour «renforcer de toute urgence la coordination humanitaire et accéder aux populations déplacées», a indiqué dans un communiqué le service diplomatique de l'UE, mené par Catherine Ashton.

La Commission va jouer le rôle de coordinateur et un mécanisme de protection civile a été activé. Il soutient et facilite la mobilisation des services de secours pour répondre aux besoins immédiats des pays frappés par une catastrophe ou qui risquent d'en subir une.

Les États membres de l'UE ont en outre «salué les efforts des États-Unis et ses partenaires pour contrer l'avancée de l'État islamique et faciliter l'accès à l'aide humanitaire» en Irak, même s'ils n'envisagent pas pour l'instant d'imiter Washington en transférant des armes aux combattants kurdes qui tentent de repousser les djihadistes dans le nord du pays.

La question de la livraison d'armes est «la plus complexe et la plus sensible», souligne un expert. «Personne ne peut empêcher un État de livrer des armes, mais la question est de savoir s'il est opportun pour l'UE de répondre favorablement à cette demande?», souligne-t-il.

La France est pour, la Suède y est farouchement opposée. Face à ces divergences, les ambassadeurs se sont contentés de «prendre note des demandes de soutien militaire des autorités kurdes auprès de certains États membres», indique le communiqué, qui met l'accent sur «l'importance de se coordonner avec les partenaires internationaux sur ce point».

La France et l'Italie plaidaient pour une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères des 28 pour parler de la livraison éventuelle d'armements aux Kurdes irakiens opposés aux djihadistes.

«Je sais bien que dans les pays occidentaux c'est la période des vacances mais enfin quand il y a des gens qui meurent, j'allais dire qui crèvent, il faut revenir de vacances», s'est exclamé mardi matin le ministre français, Laurent Fabius.

Cette question est «de la responsabilité des États membres, c'est à eux de décider», a indiqué la commissaire en charge de l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, tout en annonçant une aide de 5 millions d'euros en faveur des personnes déplacées en Irak.

L'aide de la Commission pour l'Irak s'élève désormais à un total de 17 millions d'euros en 2014.

«Ce que nous voulons, c'est prêter main forte à des centaines de milliers d'Irakiens y compris les groupes minoritaires déplacés dans les montagnes de Sinjar», a déclaré la commissaire européenne.

L'avancée des djihadistes en Irak a jeté des centaines de milliers de personnes sur les routes, notamment des chrétiens chassés de Mossoul et de Qaraqosh, mais aussi des dizaines de milliers de membres de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis.

De 20 000 à 30 000 membres de cette communauté restent piégées par l'insécurité dans les montagnes de Sinjar, sans nourriture, sans eau et sans abri, selon le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés.

«Nous voulons aider les populations déplacées», a insisté la commissaire, qui brigue le poste de chef de la diplomatie européenne. Elle a précisé que le principal problème était l'accès aux populations concernés et non le financement de l'aide.

«N'oublions pas que le Kurdistan abrite des réfugiés syriens, une aide sera aussi nécessaire pour cette population», a-t-elle ajouté.

La Hongrie a, elle, demandé que le sort des chrétiens d'Irak soit évoqué lors du prochain sommet européen fin août, selon un courrier du Premier ministre Viktor Orban envoyé mardi au président du Conseil, Herman Van Rompuy.