Trente-deux chauffeurs de camion turcs, retenus en otage depuis près d'un mois en Irak par les jihadistes, ont été libérés et remis jeudi aux autorités turques dans ce pays, a annoncé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.

L'avion de la Turkish Airlines (THY), spécialement affrété pour l'occasion, a ramené les ex-otages jeudi dans la soirée dans la province turque de Sanliurfa proche de la frontière syrienne, selon les responsables locaux.

Le gouverneur local Izzettin Kucuk a déclaré à la presse que tous les chauffeurs libérés étaient en bonne santé.

«Nous n'avons pas été soumis à des mauvais traitements, mais nous avons vécu avec la crainte de l'incertitude et de la mort pendant 23 jours», a expliqué Okkes Sen, l'un des chauffeurs à la télévision turque.

Un autre chauffeur, Halil Adam, a précisé qu'ils avaient été libérés aux alentours de midi, ajoutant que les ravisseurs avaient saisi leurs véhicules avant de remettre les ex-otages au personnel du consulat turc d'Erbil.

En début d'après-midi le ministre avait annoncé à la presse à Ankara que les citoyens turcs avaient été «remis au consul général de Turquie d'Erbil», en zone autonome kurde, et qu'ils étaient en route pour cette ville du nord de l'Irak d'où ils devaient être rapatriés ensuite en Turquie, a indiqué le ministre devant la presse.

Auparavant l'agence de presse turque Dogan a publié une première photo des ex-otages dans un autobus où ils apparaissent décontractés et souriant.

M. Davutoglu a indiqué espérer que le personnel du consulat de Turquie à Mossoul, toujours retenu en otage depuis le 11 juin par le même groupe sunnite radical, l'État islamique (EI), puisse aussi bénéficier du même sort.

«Nous allons continuer de déployer des efforts jour et nuit pour ramener nos autres citoyens» dont les autorités turques sont sans nouvelles, a ajouté le chef de la diplomatie turque.

Lors d'une offensive fulgurante en juin, les combattants de l'EI avaient investi la représentation turque et pris en otage les diplomates et leurs familles, dont des enfants, qui s'y trouvaient.

L'EI a été récemment inclus dans la liste des organisations considérées comme «terroristes» par Ankara, ce qui aurait provoqué la réaction de ce mouvement, selon les commentateurs.

L'enlèvement des Turcs a provoqué une polémique, l'opposition parlementaire turque reprochant au gouvernement islamo-conservateur d'Ankara ses liens présumés avec certains réseaux jihadistes et sa décision de ne pas évacuer le personnel diplomatique de Mossoul malgré les menaces qui pesaient sur eux.

Ankara a conseillé ces dernières semaines à ses ressortissants de quitter l'Irak, hormis la zone kurde, pour des raisons de sécurité.

La Turquie a aussi évacué son consulat général de Bassorah (sud de l'Irak) et imposé un blackout aux médias sur toute information susceptible de mettre la vie des otages en danger, une mesure dénoncée par la presse indépendante.