L'armée irakienne a repris jeudi le contrôle total de la plus importante raffinerie de pétrole du pays après des combats contre des insurgés sunnites qui tentaient de s'en emparer, ont annoncé des responsables.

«Les forces de sécurité contrôlent totalement la raffinerie de Baïji», à 200 km au nord de Bagdad, a déclaré à la télévision le général Qassem Atta, porte-parole du premier ministre Nouri al-Maliki sur la sécurité.

Des combats entre djihadistes et soldats se sont déroulés mercredi à la principale raffinerie de pétrole en Irak, visée par un assaut des insurgés, ont indiqué un responsable et un employé.

Les insurgés ont également mis la main sur trois villages du nord du pays, où au moins 20 civils ont perdu la vie durant les combats, selon un responsable irakien. 

Les rebelles ont réussi à pénétrer à l'aube dans la raffinerie de Baïji, dans la province de Salaheddine, et les soldats tentent de les repousser, a-t-il précisé, en soulignant que les affrontements se poursuivaient en milieu de journée. Certains réservoirs ont pris feu dans l'installation située à 200 km au nord de Bagdad.

Selon un employé, des membres des forces irakiennes ont été tués, blessés ou faits prisonniers lors des combats alors que les employés présents ont pris la fuite. «Les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont hissé l'étendard du groupe près du complexe administratif», a-t-il ajouté.

De son côté, le porte-parole des forces armées, le commandant Qassem Atta, affirmait, hier, à l'AFP que les forces irakiennes faisaient face à l'assaut sur la raffinerie de Baïji.

«Appuyées par l'aviation, les troupes ont combattu les hommes armés tuant 40 d'entre eux, et mis le feu à plusieurs de leurs véhicules», a ajouté le porte-parole. «Les hommes armés de l'EIIL, portant des uniformes militaires, sont arrivés à bord de véhicules Hummer et d'autres pris à l'armée pour lancer l'attaque».

Lundi, la raffinerie a été fermée après l'évacuation des employés étrangers alors que certains employés irakiens étaient restés sur place.

La fermeture de la raffinerie et l'assaut constituent un «coup dur pour l'économie du pays», a indiqué le responsable irakien.

La localité de Baïji est située près de la ville de Tikrit, chef-lieu de la province de Salaheddine qui a été pris par l'EIIL la semaine dernière, après le lancement le 9 juin de l'offensive des djihadistes.

Appuyés par des partisans de l'ex-président sunnite Saddam Hussein renversé après l'invasion américaine de 2003, ces djihadistes de l'EIIL ont pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord).

La raffinerie de Baïji fournit du pétrole à l'ensemble des provinces irakiennes et sa production est estimée à 600 000 barils par jour.

Plus au nord-ouest, dans la région de Tal Afar située dans la province de Ninive, les combats se poursuivaient entre soldats et djihadistes qui en avaient pris une grande partie la veille.

Selon un responsable du gouvernorat de Ninive, Noureddine Qabalane, «les combats entre l'EIIL et les soldats appuyés par des membres de tribus continuent. L'armée a progressé dans Tal Afar mais n'est pas encore parvenue à la nettoyer totalement» des insurgés.

Dans la province de Salaheddine (nord), voisine de celle de Bagdad, les forces armées s'apprêtent à lancer une offensive pour reprendre la localité d'Al-Dour, située au sud de Tikrit, selon un responsable militaire.

Après leur déroute aux premiers jours de l'offensive, les forces irakiennes tentent désormais de stopper l'avancée des insurgés qui sont à une soixantaine de kilomètres de Bagdad.

40 travailleurs indiens enlevés

Quarante Indiens travaillant sur des chantiers de construction ont été enlevés dans le nord de l'Irak, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères.

«Quarante ouvriers indiens de la société Tariq Noor Al Huda à Mossoul ont été enlevés», a dit le porte-parole du ministère, Syed Akbaruddin, lors d'un point de presse. «Nous ne savons pas où ils sont».

«Nous n'avons reçu aucune demande de rançon jusqu'à présent», a-t-il précisé. Ces ouvriers viennent pour l'essentiel du Pendjab, dans le nord de l'Inde.

Selon The Times of India, ces ouvriers ont été enlevés lors de leur évacuation de la région de Mossoul.

«Nous essayons de rassembler le plus d'informations possible de toute personne en mesure de nous en donner sur le terrain», a poursuivi le porte-parole.

Le ministère a également confirmé que 46 infirmières indiennes étaient coincées en Irak, dans l'impossibilité de se déplacer en raison des troubles. Plusieurs ont déclaré à la chaine NDTV et d'autres chaines de télévision indiennes qu'elles étaient dans un hôpital de Tikrit, abandonnées par leurs employeurs et sans soutien de l'armée.

Le ministère indien a mis en place une cellule de crise pour fournir des informations sur la situation en Irak et a envoyé un émissaire pour épauler son ambassadeur à Bagdad.