C'est dans une ville transformée en forteresse, entre manifestants et forces de l'ordre, que les leaders des plus grandes puissances économiques du monde ont amorcé hier, à Pittsburgh, une discussion de 24 heures qui devrait préparer le terrain pour de nouvelles règles de gouvernance dans le monde financier.

Les pays du G20 seraient sur le point de s'entendre sur une réglementation contraignante des primes octroyées aux dirigeants des banques, ont estimé hier de hauts fonctionnaires canadiens.

 

Plusieurs mesures sont envisagées, comme de lier les primes attribuées aux dirigeants à la performance de l'institution, pour éviter que certains d'entre eux prennent de trop grands risques et répètent les erreurs qui ont contribué à la crise. Ainsi, les compensations financières ne seraient plus automatiques, mais méritées.

Les principes avaient été élaborés au sommet de Londres, en avril dernier, et pourraient, cette fois, se traduire en pratiques concrètes et applicables dès maintenant.

La France et l'Allemagne réclament toutefois que les pays du G20 aillent encore plus loin, en imposant des plafonds salariaux aux dirigeants des banques. Le sujet devrait donc susciter de vives discussions aujourd'hui lorsque les leaders se retrouveront en session plénière.

Le sommet s'est officiellement ouvert hier en soirée, avec un souper de travail organisé par le président américain Barack Obama, où il a été question de la réforme des institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale.

Le premier ministre Stephen Harper en a profité pour annoncer que le Canada bonifiait son appui à la Banque africaine de développement, pour permettre à cette dernière d'accroître sa capacité de prêt de 2,6 milliards US, grâce à une forme de garantie de la part du fédéral.

Ottawa avait annoncé un capital exigible similaire de 4 milliards en avril dernier pour venir en aide à la Banque interaméricaine de développement. Le Canada milite pour que les pays du G20 remplissent leur engagement de financer adéquatement les institutions financières internationales.

Les leaders des pays riches et émergents devront aussi, au cours de la journée, discuter de l'après-crise, au moment où l'économie mondiale montre des signes de reprise. Mais le premier ministre canadien insistera sur l'importance de continuer la mise en oeuvre des mesures de stimulation économique, pour éviter de provoquer un recul. Par ailleurs, le financement de la lutte contre les changements climatiques fera l'objet d'une discussion à l'heure du midi, à la suite d'un important sommet sur la question à l'ONU en début de semaine.

Grabuge

Mais au moment où les dirigeants arrivaient, un après l'autre, à l'aéroport de Pittsburgh, en après-midi, les regards étaient plutôt dirigés une trentaine de kilomètres plus loin, à l'est du centre-ville, où se déroulait un robuste affrontement entre plusieurs centaines de manifestants et les forces de sécurité - pratiquement aussi nombreuses.

La police et la garde nationale sont intervenues pour disperser, à coup de menaces, de balles non létales et de gaz lacrymogènes, une manifestation jugée illégale par les forces de l'ordre. Plusieurs manifestants étaient venus dénoncer les abus du capitalisme. Certains portaient le symbole des groupes anarchistes.

La police de Pittsburgh a finalement procédé à une quinzaine d'arrestations. Cette manifestation se déroulait toutefois bien loin de la zone sécurisée pour le sommet.

avec l'Agence France-Presse