Après avoir vécu en ermite pendant un an et demi, George Zimmerman est sorti en homme libre d'un tribunal de la Floride, acquitté de toutes les accusations liées au meurtre par balle de l'adolescent Trayvon Martin, âgé de 17 ans.

Le frère de Zimmerman a affirmé que celui-ci en était encore à assimiler le fait qu'il n'ira pas en prison pour le meurtre. Zimmerman, âgé de 29 ans, a effectivement maintenu qu'il s'agissait d'un acte commis en état de légitime défense. En fin de soirée, samedi, un jury l'a acquitté de l'accusation de meurtre au deuxième degré, et a refusé de le reconnaître coupable d'homicide involontaire.

Cependant, alors que plusieurs détracteurs sont en colère depuis son acquittement, sa liberté pourrait être restreinte. Sur les ondes de CNN samedi soir, Robert Zimmerman fils a affirmé que son frère allait devoir «regarder derrière lui pour le reste de sa vie».

Des manifestants mécontents du verdict ont protesté de façon généralement pacifique en Floride, à Milwaukee, à Washington, à Atlanta et dans d'autres villes au cours de la nuit et tôt dimanche matin. Les autorités ont toutefois précisé que lors de manifestations en Californie, des vitres avaient été brisées et une voiture de police a été vandalisée à Oakland.

À San Francisco et Los Angeles - où une manifestation, plus tôt dimanche, avait été interrompue à l'aide de sacs de plomb - les policiers ont fermé des rues alors que des protestaires marchaient pour dénoncer l'acquittement de Zimmerman.

À New York, des centaines de manifestants ont marché sur Times Square dimanche soir, zigzaguant à travers les rues de Manhattan afin d'éviter les haies de policiers. Munis de pancartes, des marcheurs ont envahi l'achalandée intersection, scandant «Justice pour Trayvon Martin», tout en se dirigeant vers Union Square, bloquant la circulation automobile pendant une heure avant de quitter le secteur.

Les églises ont également pris note du verdict, plusieurs leaders religieux parlant du résultat du procès et lançant un appel au calme. Certains paroissiens arboraient des chandails à capuchon, comme celui que portait le jeune Trayvon lors de son assassinat, ou des chandails décorés de la photo de l'adolescent.

Le meurtre, commis en février 2012, a provoqué un débat aux États-Unis sur le profilage racial, la légitime défense et l'égalité devant la justice. Des protestataires dans l'ensemble du pays ont vivement critiqué la police de Sanford, une banlieue d'Orlando où le meurtre a eu lieu, puisqu'il a fallu 44 jours pour que Zimmerman soit arrêté.

Plusieurs personnes, dont les parents de Trayvon, soutiennent que le surveillant, qui s'identifie comme un hispanique, avait effectué du profilage racial à l'endroit de jeune noir, qui n'était pas armé.

Un jury composé de six femmes anonymes s'est penché sur près de trois semaines de témoignages, parfois très contradictoires, portant sur l'identité véritable de l'agresseur lors de cette pluvieuse soirée de février 2012, durant laquelle l'adolescent de 17 ans a été tué alors qu'il déambulait dans le quartier sécurisé dans lequel il résidait.

Les jurées étaient séquestrées pendant le procès et ont délibéré pendant plus de 15 heures, réparties sur deux journées avant d'annoncer, tard samedi, qu'elles en étaient venues à une décision.

Le tribunal n'a pas dévoilé l'origine des jurées, mais les reporters ayant couvert la sélection du jury croit qu'il était composé de cinq femmes de race blanche et d'une sixième qui pourrait être d'origine hispanique.

En août 2012, Mark O'Mara, l'un des avocats de la défense, avait déclaré que Zimmerman et son épouse, Shellie, vivaient tels des ermites et ne travaillaient pas parce que le couple craignait pour sa sécurité.

Après le verdict de samedi, des responsables de la police et des droits de la personne ont appelé au calme, et ont demandé aux manifestants de ne pas s'abaisser à la violence. Bien que les avocats de la défense se sont dit très satisfaits du verdict, Mark O'Mara a dit croire que la sécurité de son client pourrait s'avérer problématique.

«Il existe encore certains éléments marginaux qui veulent se venger», a-t-il cependant déclaré. «Ils n'écouteront pas un verdict d'acquittement.»

Les gens qui ont assisté au prononcé du verdict ont réagi vivement. La mère et le père de Trayvon Martin ne se trouvaient pas dans la salle de cour lors de l'annonce de la décision. Des partisans de sa famille, qui se trouvaient à l'extérieur du tribunal, ont crié «Non! Non!» après avoir pris connaissance du verdict du jury.

Dans une déclaration prononcée dimanche après-midi, le président américain Barack Obama a décrit la mort de Trayvon Martin comme une tragédie pour les États-Unis, mais a demandé aux citoyens de respecter les appels à la réflexion.

«Je sais que cette affaire a soulevé les passions. Et, dans la foulée du verdict, je sais que ces passions peuvent être davantage avivées. Mais nous sommes un État de droit, et un jury s'est exprimé.»

Cette déclaration témoigne de l'importance nationale accordée au dossier. La Maison-Blanche réagit rarement aux procès ne concernant pas directement le président ou le gouvernement fédéral.