Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, condamné à cinq ans de prison pour avoir tué sa petite amie, devrait être libéré de façon anticipée mardi après un an de détention, mais cette libération pourrait n'être que provisoire, son procès en appel étant prévu le 3 novembre.

La commission des libérations anticipées, qui se réunissait jeudi à Pretoria, a «approuvé la libération anticipée d'Oscar Pistorius à compter du 20 octobre», ont annoncé les services pénitentiaires.

«La commission a pris en compte tous les éléments, y compris le rapport sur le condamné, les directives de la commission d'appel et les indications de la famille de la victime» Reeva Steenkamp, selon la même source.

Les conditions de sa libération anticipée n'ont pas encore été dévoilées, mais l'ancien athlète devrait, selon toutes probabilités, être confiné à son domicile plusieurs heures par jour et être soumis à des travaux d'intérêt général.

Il devra par ailleurs suivre une psychothérapie et sera interdit de maniement des armes, selon les services pénitentiaires.

Oscar Pistorius, 28 ans, était en théorie libérable depuis le 21 août, la loi sud-africaine permettant aux condamnés pour homicide involontaire de sortir après avoir purgé un sixième de leur peine.

En 2013, pendant la nuit de la Saint-Valentin, Oscar Pistorius avait tué par balle sa petite amie qui était enfermée dans les toilettes de sa résidence de Pretoria.

Au cours de son procès-fleuve retransmis en direct à la télévision, l'ancien sportif a plaidé la méprise : il a affirmé qu'il pensait qu'un voleur s'était introduit dans sa maison ultra sécurisée et s'était caché dans les toilettes. Le 21 octobre 2014, la justice l'a condamné à cinq ans de prison pour «homicide involontaire».

À un jour près, il devrait donc sortir un an après sa condamnation et après avoir purgé un cinquième de sa peine.

«Décision attendue» selon la famille de la victime

La famille Pistorius, par la voix de son avocate Anneliese Burgess, a dit jeudi à l'AFP avoir été informée de la décision des services pénitentiaires. Elle ne compte cependant pas publier de communiqué, a ajouté l'avocate.

De leur côté, les parents de la victime, June et Barry Steenkamp, ont estimé que cette libération anticipée était «attendue».

Ils «ne sont pas du tout surpris», a réagi leur avocate, Tania Koen, interrogée par l'AFP. «Mais cela ne change rien à leur vie. Que Pistorius soit détenu ou libéré de façon anticipée, leur fille ne reviendra pas», a-t-elle ajouté.

La décision de jeudi de la commission des libérations anticipées constitue le dernier rebondissement dans cette saga judiciaire. Elle s'était déjà prononcée en juin pour la libération d'Oscar Pistorius le 21 août, mais à la dernière minute le ministère de la Justice s'y était opposé. De nouveau saisie jeudi, la commission a finalement maintenu sa décision.

Le champion olympique n'est pourtant pas au bout de ses ennuis judiciaires. Son procès en appel, à la demande du ministère public, est fixé au 3 novembre.

Le parquet a en effet fait appel de sa condamnation pour «homicide involontaire» et demandé à ce que les faits soient requalifiés en «meurtre».

La Cour suprême d'appel pourra soit modifier le verdict et condamner éventuellement Oscar Pistorius à une peine plus lourde, soit décider de renvoyer le procès en première instance.

Avec ce drame, le sportif est passé, en quelques heures, du statut de vedette mondiale à celle d'idole déchue.

Grâce à une volonté de fer, Oscar Pistorius, amputé à l'âge de 11 mois, s'était imposé en athlétisme, engrangeant les médailles d'or aux Jeux paralympiques d'Athènes, Pékin et Londres.

Aux Jeux olympiques de 2012, au sommet de sa carrière, il devient le premier athlète handicapé à courir avec des valides. Surnommé «Blade Runner» (Coureur aux lames), il fait alors la fierté de l'Afrique du Sud et de millions de handicapés dans le monde.

Quelques mois plus tard, il fait de nouveau la une des journaux, mais cette fois-ci à la rubrique faits divers, après avoir tué de quatre balles Reeva Steenkamp, sa compagne top model. Il est sorti brisé et ruiné du procès, obligé notamment de vendre sa maison de Pretoria pour faire face à ses frais d'avocat.