Le procureur au procès Pistorius a clairement dévoilé mercredi son intention de réclamer une lourde peine, en démontant méticuleusement tous les arguments de la défense, qui soutient que la prison serait un milieu trop hostile pour un handicapé amputé des deux jambes.

«Si la sentence de cette cour est trop légère, la société va perdre le respect de la Justice», a également lancé Gerrie Nel, soulignant l'un des enjeux de ce procès ultra-médiatisé, retransmis en direct à la télévision, et objet d'innombrables commentaires en Afrique du Sud.

Les audiences peuvent durer encore jusqu'à la fin de la semaine, et la juge prendra ensuite probablement un temps de réflexion avant de prononcer la sentence.

M. Nel a tiré profit de son contre-interrogatoire d'une fonctionnaire des services de probation, Annette Vergeer, citée par la défense, pour contrer un à un les arguments avancés la veille.

Non, a-t-il dit, Pistorius ne serait pas placé en cellule avec d'autres détenus dangereux, et ne serait pas en danger, car il existe des quartiers pour prisonniers handicapés et vulnérables.

Non, a-t-il martelé, les problèmes d'hygiène posés par ses moignons et par l'entretien de ses prothèses ne seraient pas insurmontables, car les cellules de ces quartiers sont équipées de sanitaires corrects et de baignoires.

Non, a-t-il poursuivi, Pistorius ne serait pas privé de son suivi psychologique, indispensable à sa reconstruction, car la loi prévoit qu'un détenu puisse faire venir son propre psychologue, à ses frais.

«L'argent du sang»

«Il faut être réaliste et pragmatique» sur la qualité réelle des conditions de vie dans les prisons sud-africaines, lui a simplement répondu Annette Vergeer, venue appuyer la requête de la défense d'une peine alternative, sous forme de travail d'intérêt général.

La juge Thokozile Masipa a écouté comme à son habitude attentivement, sans quasiment intervenir.

Cette magistrate respectée et expérimentée avait cependant été vivement critiquée en septembre par certains juristes pour n'avoir pas retenu l'accusation de meurtre contre Pistorius, finalement reconnu coupable d'homicide involontaire. Et le pays attend maintenant la sentence qu'elle infligera à l'ancienne idole du handisport, qui a abattu sa petite amie Reeva Steenkamp de quatre balles tirées à travers la porte des toilettes dans la nuit du 13 au 14 février 2013.

Pour expliquer son geste, Pistorius a toujours affirmé avoir cru tirer sur un cambrioleur. La juge a retenu sa version, et estimé qu'il avait commis un homicide «par négligence».

En marge des audiences, l'avocat de la famille Steenkamp a publié mercredi matin un communiqué pour clarifier une controverse survenue la veille, lorsque le procureur avait brutalement affirmé que «la mère de la défunte (avait dit) qu'elle ne voulait pas de l'argent du sang», soit 375 000 rands (38 000 $) offerts par Pistorius.

L'avocat Petrus de Bruyn explique en réalité que Pistorius a bien versé 6000 rands par mois (612 $) à la famille Steenkamp, en difficulté financière, de mars 2013 à septembre 2014. Ces versements n'ont jamais été rendus publics, à la demande de Pistorius.

La famille a fait savoir qu'elle souhaitait rembourser ces sommes dès qu'elle le pourrait.

Mais, dans une démarche séparée, les avocats de la famille Steenkamp ont pris contact avec ceux de Pistorius pour discuter d'une compensation globale d'un montant de 375 000 rands, en préalable à d'éventuelles poursuites au civil, finalement abandonnées.

«Lorsque les parents (de Reeva) ont eu connaissance de cette offre, ils l'ont examiné en détail et décidé, pour différentes raisons, qu'ils ne voulaient aucun versement de M. Pistorius. C'est aussi pourquoi ils nous ont donné l'instruction de ne pas engager de poursuites au civil», ajoute l'avocat.