Une reconstitution vidéo du témoignage d'Oscar Pistorius, dans laquelle il interprète son propre rôle la nuit où il a tué sa petite amie, a été diffusée dimanche, montrant des images-chocs de l'athlète handicapé se déplaçant sur ses moignons.

Cette vidéo diffusée par la chaîne australienne Channel 7 épouse fidèlement la thèse du champion paralympique sud-africain, jugé pour meurtre depuis le 3 mars à Pretoria, dont la défense doit boucler la comparution de ses derniers témoins à partir de lundi.

Pistorius, qui plaide non coupable, soutient depuis le début qu'il a abattu son amie Reeva Steenkamp par accident en 2013 en croyant affronter un cambrioleur caché dans ses toilettes, alors que l'accusation affirme qu'il s'était disputé avec elle.

Dans la courte animation vidéo, que Channel 7 s'est procurée - «illégalement», selon l'avocat du champion, Brian Webber -, on voit Pistorius marcher sur ses jambes amputées, son arme pointée droit devant lui lorsqu'il fait feu sur la porte fermée de la salle de bain.

C'est l'une des rares fois où on voit son corps handicapé. L'athlète de 27 ans apparaît en short et ses moignons de jambes ne sont pas cachés par un pantalon ou des prothèses.

«Je n'étais pas sûr que quelqu'un n'allait pas surgir et pointer son arme sur moi», dit-il à un moment dans la vidéo, où on le voit aussi crier à l'aide.

Dans un autre clip, il apparaît à l'image, toujours sur ses moignons, reculant vers sa chambre à coucher, puis enfilant en catastrophe ses prothèses avant de retourner au lieu de la fusillade porter secours à la victime.

Sa soeur Aimée interprète le rôle de Reeva Steenkamp.

L'émission australienne a été précédée d'un intense battage promotionnel sur les réseaux sociaux dès samedi, l'avocat du champion achevant d'encore grandir la notoriété de ces images en leur donnant le caractère sulfureux d'images interdites.

La vidéo a été réalisée par la société américaine The Evidence Room, basée dans l'Ohio et spécialisée dans les reconstitutions 3D de scènes de crimes ou d'accidents.

Coupable pour les téléspectateurs 

«Cette cartographie visuelle servait uniquement à préparer le procès et n'était pas destinée à un quelconque autre usage», a affirmé dimanche l'avocat de Pistorius, dans un communiqué diffusé après l'émission. «Aucune permission d'utiliser n'a été donnée».

«Pour la famille, la diffusion de ces images constitue une trahison éclatante de la confiance et une atteinte à la vie privée», a-t-il dénoncé, sans préciser les poursuites auxquelles s'exposaient les médias utilisant ces images, largement reprises sur internet après leur diffusion en Australie.

La veille, dans une déclaration à l'agence sud-africaine Sapa, il avait affirmé qu'«il s'occupait d'intenter une action contre le média australien ayant la vidéo».

«Ils n'ont pas le droit de la diffuser. Nous allons réagir en conséquence», avait-il déclaré.

La vidéo accrédite la thèse défendue toute la semaine dernière par plusieurs témoins à la barre, qui ont insisté pour dire que Pistorius n'était pas le superhéros invincible que l'on connaissait depuis sa participation aux Jeux olympiques de Londres en 2012 avec les valides, mais qu'il était au contraire un être hypersensible à double facette, l'une forte, l'autre faible, diminué physiquement par son handicap et au bord du suicide depuis le drame.

Cette vulnérabilité expliquerait pourquoi il a tiré quatre fois de suite la nuit du drame, lorsque, selon sa version des faits, il croyait avoir affaire à un cambrioleur chez lui.

«Bien qu'il déteste qu'on le plaigne, la dure vérité, c'est qu'il n'a pas de jambes!», a ainsi déclaré à l'audience Wayne Derman, médecin-chef de l'équipe paralympique sud-africaine aux Jeux de Londres en 2012.

L'émission australienne diffusée à une heure de grande écoute ne s'est pas contentée de la vidéo, mais a aussi fait parler d'autres protagonistes, les parents Steenkamp et une amie de Reeva notamment, appelant les téléspectateurs à voter pour ou contre la culpabilité de Pistorius.

L'Australie abrite une importante diaspora sud-africaine blanche. Juste après l'émission, 53 % des votants ont conclu que Pistorius était coupable, 47 % innocent.