Ressorti mercredi soir libre de 32 heures de garde à vue, l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn sera convoqué le 28 mars pour être mis en examen (inculpé), notamment pour complicité de proxénétisme dans l'affaire dite du Carlton, selon une source judiciaire.

M. Strauss-Kahn devrait être mis en examen «pour complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée» et «recel d'abus de biens sociaux», a-t-on précisé de même source. Des infractions pour lesquelles les peines encourues sont respectivement de 20 ans de réclusion criminelle et de cinq ans d'emprisonnement.

L'ancien directeur général du Fonds monétaire international a été interrogé pendant deux jours et une nuit au sujet de soirées libertines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington, afin de déterminer s'il savait que les femmes qui y participaient étaient des prostituées.

Si certains protagonistes ont soutenu qu'il n'était pas au courant, d'autres éléments laisseraient penser le contraire. Des informations de presse ont évoqué des SMS qui pourraient démontrer qu'il n'ignorait pas la qualité d'escort-girl d'une de ses partenaires.

DSK est «parfaitement satisfait d'avoir été entendu dans des conditions de grande sérénité», a déclaré à la presse son avocate, Me Frédérique Baulieu, à l'issue de l'audition.

L'ex-ministre socialiste, favori de la présidentielle française jusque l'éclatement de l'affaire du Sofitel de New York en mai 2011, a répondu «enfin comme il le souhaitait» aux questions des enquêteurs de façon «parfaitement tranquille». «Il s'est complètement expliqué sur l'ensemble des faits pour lesquels il a été interrogé», a-t-elle poursuivi.

Selon une source proche de l'enquête, DSK a soutenu en garde à vue qu'il ne pouvait imaginer que ces jeunes femmes puissent être des prostituées car certaines «lui ont été présentées par des responsables policiers».

Me Henri Leclerc, l'un des avocats de DSK, avait déclaré en décembre que son client «pouvait parfaitement ignorer» que les femmes rencontrées lors de soirées libertines étaient des prostituées.

Après des auditions par les enquêteurs de la police judiciaire, DSK a d'ailleurs ensuite été entendu par des fonctionnaires de l'Inspection générale de la police nationale, la «police des polices».

Ceux-ci devaient l'interroger sur ses liens avec le commissaire Jean-Christophe Lagarde, haut responsable policier régional, au nombre des huit personnes mises en examen dans ce dossier et qui aurait participé à des parties fines avec DSK où il aurait accompagné des prostituées.

Des témoignages ont fait ressortir que plusieurs déplacements de protagonistes du dossier, accompagnés de prostituées, avaient été organisés et financés par deux entrepreneurs locaux, Fabrice Paszkowski, responsable d'une société de matériel médical, et David Roquet, ancien directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage.

La mise en examen de DSK pour «recel d'abus de biens sociaux» impliquerait qu'il ait eu connaissance de cette éventuelle origine frauduleuse des dépenses.

Le dernier de ces voyages a eu lieu du 11 au 13 mai dans la capitale américaine, à la veille de l'arrestation de DSK à New York dans l'affaire du Sofitel. Dans cette affaire, où la femme de chambre Nafissatou Diallo accuse DSK d'agression sexuelle, les poursuites pénales ont été abandonnées par la justice américaine.

Alors champion du Parti socialiste pour la présidentielle de 2012, Dominique Strauss-Kahn avait vu sa carrière politique brutalement stoppée après son arrestation.