Dominique Strauss-Kahn a demandé vendredi «à nouveau à être entendu le plus rapidement possible» par les enquêteurs chargés d'une affaire de proxénétisme en France, en affirmant être l'objet d'un «véritable lynchage médiatique», selon un communiqué de ses avocats.

Le nom de l'ancien directeur du FMI et ex-favori dans la course à la présidentielle de 2012 en France a été cité dans un dossier de proxénétisme et d'abus de biens sociaux impliquant des hommes d'affaires et des policiers, selon lequel M. Strauss Kahn aurait participé à des parties fines organisées par certains.

Les médias se sont largement fait écho de certains éléments de l'enquête, notamment de la retranscription de SMS échangés entre M. Strauss Kahn et l'homme d'affaires Fabrice Pazskowski, responsable d'une société de matériel médical, évoquant l'organisation de soirées coquines.

«Une telle situation dont chacun peut percevoir à quel point elle est à la fois malsaine, racoleuse, et non dépourvue d'arrières-pensées politiques ne saurait perdurer», soulignent ses avocats.

Ils ajoutent que «Dominique Strauss-Kahn affirme à nouveau qu'il est prêt à s'expliquer non devant un incertain tribunal de l'opinion, mais devant ceux qui conduisent l'enquête judiciaire et demande à nouveau à être entendu le plus rapidement possible».

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, avait déjà demandé le 16 octobre à être «entendu le plus rapidement possible par les juges» en charge de l'enquête sur l'affaire dite «du Carlton», du nom de l'hôtel de Lille (nord) dont le propriétaire est également inculpé.

«Depuis, il n'a pas été entendu. Pendant ce temps, un véritable lynchage médiatique n'a cessé de s'amplifier, alimenté par des informations puisées dans des procès-verbaux et des pièces du dossier communiquées en temps réel à la presse et d'évidence soigneusement sélectionnées avec partialité», dénoncent ses avocats.

Libération a publié jeudi plusieurs messages qu'aurait envoyés DSK à Fabrice Pazskowski. «J'emmène une petite faire les boîtes de Vienne (Autriche) le jeudi 14 mai. Ça te dit de venir avec une demoiselle?», aurait-il écrit en 2009. Il lui aurait demandé quelques jours plus tard s'il avait bien «réservé la suite avec piscine», sans précision de lieu.

L'ancien patron du FMI aurait également proposé à M. Paszkowski de «venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi (et du matériel)».

Les deux hommes auraient projeté de se retrouver en Belgique fin juillet 2009, poursuit Libération: «Pour Gand, il faut que tu me dises vite de quoi il s'agit. C'est une boîte ou une soirée privée?», aurait écrit DSK.

M. Paszkowski a été inculpé le 21 octobre pour proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs et escroquerie en bande organisée, et écroué.

Huit personnes, dont un directeur du groupe de construction Eiffage, un commissaire de police et un avocat, ont été inculpées dans ce dossier pour «proxénétisme aggravé en bande organisée» et abus de bien sociaux.

Des prostituées auraient témoigné avoir eu des relations sexuelles avec M. Strauss-Kahn lors de soirées organisées par les inculpés en 2009, 2010 et 2011 en France et aux États-Unis.

Le parquet de Lille a ouvert récemment une enquête pour violation du secret de l'instruction après des fuites dans la presse d'éléments de l'enquête.