Dominique Strauss-Kahn, qui a confessé dimanche une «faute morale» quatre mois après son arrestation pour crimes sexuels à New York, n'a pas convaincu les féministes françaises, qui se sont dites «écoeurées» par son mea culpa télévisuel, qualifié d'«entretien de connivence».

L'avocate féministe Gisèle Halimi s'est dite lundi choquée par un «entretien de connivence», au lendemain de l'interview de l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) par la journaliste Claire Chazal -- une amie de son épouse Anne Sinclair -- sur la chaîne privée TF1.

«Il s'est mis dans la peau du comédien qui devait être pugnace et incisif», a-t-elle commenté.

Plusieurs représentantes d'associations féministes, qui espéraient des «excuses» de l'ex-patron du FMI, ont aussi dénoncé un entretien convenu. La porte-parole d'Osez le féminisme, Thalia Breton, s'est dite «écoeurée», et la présidente de Paroles de femmes, Olivia Cattan, a jugé que les déclarations de DSK étaient «lamentables».

«Mme (Nafissatou) Diallo n'a pas été épargnée», a relevé Gisèle Halimi à propos de la femme de chambre du Sofitel new-yorkais qui a accusé Dominique Strauss-Kahn de l'avoir agressée sexuellement.

«Ce qui est grave, c'est que chaque fois que la dignité des femmes est en cause comme cela, on tente de faire passer les femmes qui sont de pures victimes pour des affabulatrices», a poursuivi Me Halimi.

M. Strauss-Kahn a reconnu dimanche soir avoir eu une «relation inappropriée» mais nié fermement toute «violence» ou «contrainte» à l'encontre de Nafissatou Diallo, présentée comme une menteuse chronique.

Il a aussi nié toute violence à l'encontre de la romancière française Tristane Banon, qui a porté plainte contre lui en France pour une tentative de viol en 2003.

Auditionné par la police française, DSK a récemment concédé avoir fait «des avances» à Tristane Banon. Dimanche soir sur TF1, il n'a pas voulu s'exprimer davantage, faisant valoir que la procédure était toujours en cours et rappelant qu'il avait lui-même porté plainte pour dénonciation calomnieuse.

Dimanche après-midi, une cinquantaine de féministes ont manifesté devant le siège de TF1 pour critiquer la tribune offerte à l'ex-patron du FMI et dénoncer un «déni de justice» derrière une banderole indiquant «Quand une femme dit non, c'est non».

De son côté, Tristane Banon a appelé ses partisans à manifester contre DSK devant le palais de justice de Paris le 24 septembre.