Au lendemain d'un retour en France très médiatisé qui a irrité nombre de ses compatriotes, Dominique Strauss-Kahn a fait savoir lundi qu'il s'exprimerait dans les 15 jours sur le scandale sexuel aux États-Unis qui a mis fin à ses ambitions présidentielles.

Dominique Strauss-Kahn «s'exprimera dans les 15 jours au maximum», a annoncé à la presse sa conseillère en communication Anne Hommel devant le domicile de l'ex-directeur général du FMI sur la très chic place des Vosges dans le quartier du Marais, au plein coeur de Paris.

D'ici là, la conseillère a imploré la foule de journalistes présente «de laisser tranquilles» DSK et son épouse Anne Sinclair pour qu'ils puissent «avoir une vie absolument normale».

Le couple n'avait pas recherché l'anonymat dimanche en se laissant filmer détendus et souriants depuis leur sortie de l'aéroport jusque dans la cour de leur immeuble, poursuivi par une foule de cameramen et photographes.

Un accueil de star qui irritait la presse française lundi. «Ni anonymat de l'arrivée, ni déclaration spontanée: tout était calculé au millimètre par les redoutables communicants de DSK», soulignait les Dernières Nouvelles d'Alsace (est).

Pas mal de Français ne cachaient pas non plus leur agacement devant ce que le journal catholique La Croix décrivait comme un «tourbillon disproportionné».

«On s'en fout», «certains médias sont-ils devenus fous», «tout ça pour ça», «donnez-nous de vraies infos», pouvait-on lire sur la page Facebook de l'AFP.

Après ce retour médiatisé, mais silencieux, la suite de la stratégie de réhabilitation de DSK passera par des explications aux Français alors qu'il n'a jamais encore présenté sa version des faits sur ce qui s'est passé avec Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui l'a accusé de viol.

«Les Français attendent sa parole sur ce qui s'est passé, sa vérité. Il va parler», pensait ainsi lundi le député socialiste Pierre Moscovici.

Si l'hypothèse d'une intervention lors d'un journal télévisé du soir est évoquée, «rien n'est encore arrêté» ont indiqué à l'AFP plusieurs des proches de DSK.

Ses avocats lui ont cependant conseillé ne pas rentrer dans les détails sur ce qui est passé dans la suite 2806 du Sofitel de New York et de rester davantage dans le mode de la contrition, comme lorsqu'il a présenté ses excuses à ses anciens collaborateurs du FMI en reconnaissant une «erreur».

Si la justice américaine a renoncé à toute poursuite pénale contre lui, DSK devra encore y répondre de poursuites au civil. Et il doit encore faire face en France à une plainte pour tentative de viol de la part d'une jeune femme de 32 ans.

Le timing de son intervention embarrasse aussi le Parti socialiste, actuellement en pleine campagne pour désigner son candidat à la présidentielle du printemps prochain, lors de primaires organisées les 9 et 16 octobre.

Les leaders socialistes sont restés prudents dans leurs déclarations dimanche. «Je ne veux pas ajouter par un quelconque commentaire quelque chose de plus à cette tempête médiatique. C'est à lui-même de définir ce qu'il souhaite faire», a dit ainsi Ségolène Royal, candidate à la primaire.

Les socialistes, qui ont pour la plupart pris leurs distances avec l'ex-star des sondages aujourd'hui mal vue des Français, souhaitent que DSK, après s'être expliqué, n'intervienne pas dans le débat des primaires.

Pour le politologue Stéphane Rozès, DSK «reste un boulet pour le PS» et «moins les socialistes parleront de lui, mieux ce sera».

Mais certains estiment le PS aura besoin de sa compétence économique dans la campagne présidentielle au printemps face à Nicolas Sarkozy.

Dominique Strauss-Kahn fait partie «des voix que l'on veut entendre», a ainsi jugé le favori des sondages, François Hollande. «Sa compétence en matière de finances, en matière internationale, est plutôt recherchée et reconnue», a-t-il dit.