La journaliste et écrivain Tristane Banon, qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'avoir tenté de la violer en février 2003, a été entendue lundi par la police française, le jour où la justice américaine a annoncé le report au 1er août de la prochaine audience de DSK.

Dominique Strauss-Kahn devait comparaître le 18 juillet devant le tribunal pénal de Manhattan mais les deux parties, accusation comme défense, ont adressé une demande conjointe au juge Michael Obus afin de reporter cette audience «pour faciliter la poursuite de l'enquête menée par les deux parties».

La prochaine audience a été fixée au lundi 1er août.

Dominique Strauss-Kahn, arrêté le 14 mai dernier alors qu'il s'apprêtait à partir pour Paris, reste sous le coup de sept chefs d'inculpation, dont ceux d'agression sexuelle et de tentative de viol sur une femme de chambre guinéenne de l'hôtel Sofitel, des accusations qui pourraient lui valoir des années de prison aux États-Unis.

Le 1er juillet dernier, à la suite de la découverte d'inexactitudes dans le récit de sa victime présumée, DSK a obtenu du juge la liberté sur parole et la levée des restrictions à ses déplacements sur le territoire américain, mais le juge ne lui a pas rendu son passeport et n'a pas réduit les accusations qui pèsent sur lui.

En France, l'écrivain et journaliste Tristane Banon a été entendue dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte le 8 juillet par le parquet de Paris après sa plainte pour tentative de viol.

L'ancien patron du FMI a annoncé par l'intermédiaire de l'un de ses avocats français, Me Henri Leclerc, avoir déposé plainte contre Tristane Banon pour dénonciation calomnieuse. Elle ne pourra être étudiée qu'à l'issue des poursuites engagées par Mme Banon.

Pour l'avocat de la jeune Française, Me David Koubbi, «nous avons bien compris que la vérité des faits ne constituait pas une limite à l'instinct de survie de DSK: il est donc normal qu'au moment où n'importe qui à sa place se confondrait en excuses, il dépose plainte à son tour», a-t-il dit dans un message à l'AFP.

Entendue lundi par la police, Tristane Banon est ressortie des locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) après cinq heures d'audition. Elle n'a fait aucune déclaration aux journalistes présents.

Cet entretien s'est passé «de manière respectueuse», s'est-on limité à déclarer dans l'entourage de la jeune femme.

L'enquête, qui n'est soumise à aucun délai, vise à vérifier les allégations de la journaliste. A son issue, le parquet peut classer sans suite ou confier une information judiciaire à des juges d'instruction.

Tristane Banon accuse l'ancien patron du FMI d'avoir tenté de la violer en février 2003 dans un appartement du centre de Paris lors d'une rencontre pour un entretien dans le cadre de la préparation d'un livre.

Pour DSK, la scène que la jeune femme a racontée lors d'une émission télévisée diffusée sur Paris Première en 2007, puis dans un entretien au site internet AgoraVox en 2008, est «imaginaire».

«Je n'en peux plus d'entendre dire que je suis une menteuse»

Selon Me Koubbi, la plainte repose toutefois sur des éléments matériels et ne se résumera pas à un «parole contre parole». «De nombreuses personnes se tiennent à la disposition de la justice pour témoigner», a ajouté l'avocat.

D'autres personnes pourraient être entendues dans le cadre de cette enquête, notamment dans l'entourage de l'écrivain. Sa mère, Anne Mansouret, a notamment confirmé publiquement les accusations de sa fille.

Passible de 15 ans de réclusion, la tentative de viol est un crime prescrit au bout de dix ans. L'agression sexuelle est en revanche un délit, prescrit trois ans après les faits. Le temps écoulé interdisait donc à la jeune femme de porter plainte pour agression sexuelle.

Dans un entretien à L'Express, Tristane Banon a expliqué avoir attendu plus de huit ans parce qu'elle n'en pouvait «plus d'entendre dire» qu'elle était «une menteuse».

«Il y a huit ans, quand j'évoquais l'idée d'une plainte, tout le monde me faisait comprendre que cela n'aboutirait jamais», a poursuivi la jeune femme. Anne Mansouret, conseillère régionale PS, a affirmé avoir à l'époque dissuadé sa fille d'engager des poursuites contre DSK.